Invitée: Émily-Maude Lebel (Département de psychologie)

HB: Allo Émily! Ça ne te dérange pas que je t’appelle juste Émily? J’aimerais sauver du temps en escamotant constamment ton deuxième nom… Pas de problème avec ça?

EML: Non, pas de problème, les élèves font la même affaire…

HB: Mine de rien, on vient de clencher deux questions…

EML: Han?

HB: J’te niaise, on rentre dans le vif du sujet dans pas long, promis.

EML: Ok… Dis-moi, Étienne n’est pas là?

HB: Émily là là, faut que tu saches que c’est moi qui pose les questions aujourd’hui… Mais comme tu es nouvelle et très certainement nerveuse devant la gloire qui t’attend, je vais tâcher de me montrer conciliant. Non, Étienne n’est pas au bureau aujourd’hui. Il est peut-être en vélo à quelque part dans le milieu du chemin ou carrément en train de se tremper les founes dans le fleuve, qui sait? Y’a pas mal de demandes pour le bel Étienne à vrai dire… Y peut plus fournir j’pense. Mais, je vais lui dire que tu es passée même si son programme de colocation semble tirer à sa fin. C’est que môsieur est rendu propriétaire asteur….

[HB: clin d’oeil complice]

HB: Débutons... Heille, ça doit te faire drôle de pas voir de récamier pis toute (anecdote, certaines personnes élues de votre CCS disent « pis tout » à la place de « pis toute » et c’est hilarant) dans un bureau où on te pose des questions non?

EML: Un récamier?

HB: Bin oui là… Tsé l’espèce de chaise-divan romaine, là là? C’est juste que le monde s’installe pas là-dessus pour manger des raisins avant une orgie, mais plus pour parler de leur problème en pleurant fort.

[HB: Gesticulations pathétiques imitant vaguement du mobilier et des pleurs]

HB: On en voit dans tous les bureaux de psy à la télévision…. Tu sais, cette boîte à image que plus personne ne regarde?

EML: Ah oui! Je vois!! Mais on est clairement dans le domaine du stéréotype, du préjugé. C’est de la psycho-pop Hugo et je ne veux pas encourager ça.. Moi j’ai juste une chaise, ordinaire, mais qui fait très bien le travail. J’aime m’asseoir moi-aussi en écoutant les gens pleurer comme tu dis. Je trouve que je me tiens assez souvent debout dans mes cours. Faut bien se reposer des fois!!

HB: Tu as bien raison. Au sujet de la nécessité de se reposer en tout cas. Dis-moi, sur une échelle de 1 à Freud, à quel point as-tu envie de psychoanalyser tous tes collègues pendant le lunch au Diktam?

EML: Oh mon Dieu… J’ai le goût de dire Freud! En fait, il est très intéressant de voir les différentes dynamiques entre les départements et entre les personnes qui les composent. Des gens de différents horizons avec divers intérêts. J’aime beaucoup le voisinage de mon département. Nous sommes juste à côté du département de mathématiques. Ce sont des gens très rationnels alors qu’en psycho, on verse plus dans l’émotionnel. C’est vraiment stimulant de les côtoyer.

[HB: Regard incrédule]

HB: Ah ouin, stimulant? Vraiment? Pensais pas que le cosinus pouvait faire tant d’effet… Mais bon, chacun ses goûts je suppose. Retour aux choses sérieuses, si ton inconscient avait une chanson thème, ce serait laquelle et pourquoi?

EML: J’écoute des chansons pour me vider la tête à vrai dire… Je ne peux donc pas vraiment associer musique et subconscient! Je pourrais tout de même préciser que j’aime les chansons instrumentales, surtout pour créer une sorte d’ambiance là où je me trouve.. La chanson thème du premier film de Harry Potter quand je rentre au cégep, je trouve que ça fit bien par exemple. Je sais pas, ça fait magique comme atmosphère.

HB: C’est vrai que plusieurs pavillons du cégep ont désormais l’air d’un vieux château médiéval… Pas trop difficile d’imaginer des toiles d’araignée et des carreaux cassés mettons….

ML: Ne-non, sérieusement ça m’aide à apprécier ce genre de bâtiment. C’est dur à expliquer… Ça se passe dans ma tête. Je souligne que je préfère la musique instrumentale parce que je pratique moi-même un instrument, la flûte traversière.

HB: Ah oui? Faque tu connais sûrement Jethro Tull?

[EML: regard vide, voire abyssal]

HB: Ouin, non, peut-être pas finalement. Mais c’est pas grave, aucun malaise ni âgisme ici!! Tiens, parlant de bâtiment glauque, supposons que je souhaiterais proposer une mascotte pour le Cégep de Rimouski… Que me proposerais-tu pour bien représenter notre établissement (non, t’as pas le droit de dire « une motte de poussière »)?

EML: Une mascotte? Avec la mer en face, je dirais une baleine? 

HB: Minute, papillon, c’est pas la mer ici… Attention, tu t’adresses à un Gaspésien….

EML: Haha, bin oui je le sais bien! Mais le fleuve est tellement majestueux que c’est pas mal l’équivalent selon moi. Pour revenir à la mascotte, je trouve qu’une baleine, c’est sympathique et surtout, ce n’est pas méchant. Mesemble que c’est comme les personnes qui travaillent ici. Ça et le fait que le cégep prend beaucoup de place en ville, pareil comme une baleine!! Ce serait peut-être plus une baleine à bosse par contre, parce qu’il y a quand même quelques affaires de travers!

HB: Touché! Très lucide de ta part! Par ailleurs, je m’excuse de te poser des questions aussi pertinentes qu'à l'émission « Chanteur masqués », mais bon, tu fais ça super bien! On continue!! Comment qualifierais-tu les PSYCHOPATHES qui déclineraient un Tony-patates gratis?

EML: Euh….Des monstres? D’horribles personnes? Hahaha!!! C’est certain que ces gens ont un grand vide intérieur. Faudrait les asseoir (les coucher?) sur un récamier!! Faut absolument explorer cette absence d’émotion, ce manque d’empathie qui fait que ces personnes ne saisissent pas la joie chez autrui. Personnellement, je ferais attention à ces personnes et je les éviterais!

[HB: longue tirade expliquant ses grandes théories sur la genèse du Tony-patates]

HB: La question n’est pas originale, mais en même temps, j’ai eu tellement de réponses étranges que je me permets de te la poser à toi aussi. As-tu un passe-temps bizarre toi avec?

EML: OUI, plein!! Je suis une passionnée de l’apprentissage, ça fait donc en sorte que je change couramment de passion. Mon chum trouve que ça coûte cher d’ailleurs!! Ces temps-ci, je m’intéresse aux miniatures.

HB: Non! Arrête, tu me niaises! Moi aussi je peins mes figurines de Donjon et Dragons! Je pensais que j’étais le seul freak à m’adonner à ce passe-temps au cégep…

EML: Attends, c’est pas pareil… Moi, je produis et je peins de petits objets décoratifs. Ça demande pas mal de travail… Il me faut sculpter des moules pour pouvoir former ces objets avant de les peindre. Je les offre ensuite en cadeau à mes amis en fonction de leurs intérêts. Tu es effectivement le seul freak à jouer avec ses figurines de Donjon finalement…

HB: Oui, je suppose…Poursuivons, je vais tâcher de ne pas trop avoir l’air triste. Comment réagis-tu quand tu es en cours un lundi matin 8h10 et que 100 % des personnes étudiantes semblent être dans un coma profond? C’est une question à choix de réponse:

1. Tu fais semblant que c’est un rêve éveillé. T’es peut-être encore dans ton lit, toi aussi…;
2. Tu proposes un jeu, comme chercher à savoir quelle personne se pètera la tête sur son bureau en premier;
3. Tu te mets à enseigner en parlant super fort afin de les réveiller et d’éduquer tout le monde sur l’étage;
4. Autre, précisez. 

EML: Je choisis D. En fait, si ça m’arrivait (ça m’arrive jamais), je pense que je raconterais ma meilleure blague. J’appellerais ça « la joke poche du lundi ». Ça me permettrait de voir qui est réveillé parce que ça rirait à gorge déployée. Pis pour les autres, je les laisserais dormir parce que je respecte leur besoin de sommeil. Je suis une personne empathique.

HB: Ah t’es fine! Est-ce que tu as étudié ici? Si oui, connais-tu une légende urbaine au sujet du Cégep de Rimouski? Et si tu n’as pas étudié ici, connais-tu une légende urbaine au sujet du Cégep de Rimouski? C’est la même question finalement, j’veux pas vraiment savoir si tu as étudié ici…

EML: Oui, j’ai étudié ici. Attends… Je me souviens de la légende d’un fantôme. Dans le pavillon A ou le F, je ne sais plus trop… Ç'a l’air qu’on pouvait entendre pleurer ou crier le vendredi soir. Assez épeurant pour pas que j’aille virer là…

HB: Hummm… Si c’était des cris un vendredi soir, je parierais peut-être sur Yves Langford et sa guitare, mais bon, je peux me tromper. Poursuivons, je m’égare. C’est ta première session en enseignement, n’est-ce pas? Si tu pouvais associer cette expérience à un titre de film, ce serait lequel?

EML: Rapide et dangereux. Sans hésiter! Rapide, parce que ça va super vite. Ouf, mesemble qu’on vient tout juste de commencer la session. Et dangereux parce qu’à cause de la vitesse, y’a pas mal d’obstacles à éviter et de pièges à contourner! Mais, je me plais bien dans ce rythme à cause de ma personnalité, de mon expérience et du soutien de mes collègues. Je vais passer à travers!

HB: Oui, mais fais tout de même attention. Maintenant, LA question que tout le monde se pose… Es-tu aller au Costco??? Si oui, t’achètes quoi là-bas? Sens-toi bien aise, je suis membre moi aussi et j’ai un faible pour les chaudières de mayonnaise.

EML: Oui, mais j’y vais plus par parasitisme. J'accompagne les personnes qui ont leur carte parce que j’en ai pas. À date, j’ai juste mangé un hot dog et j’ai acheté des bonbons pour mes élèves. Ça pis des Tupperware couleur pastel. Sont tellement beaux!

[EML: Regard plein d’amour envers ses petits plats de plastique, couleur pastel, EML insiste]

HB: Assurément! Section nostalgie. Quel a été ton emploi étudiant et à quel point tu en gardes des séquelles encore aujourd’hui?

EML: Ça a été à « Coup de main à domicile ». J’accompagnais dans leur quotidien des personnes avec une déficience intellectuelle. Ça a consolidé mon choix de carrière et le traumatisme principal était le salaire (ou la quasi-absence de…).

HB: Compréhensible et touchant à la fois! En conclusion, de quelle région es-tu originaire (pas le droit de dire Lanaudière)?

ML: Pas Lanaudière! Je suis une Rimouskoise pure souche!

HB: Une snob donc?

EML: Absolument!! À l’école, je me tenais juste avec du monde du centre-ville! Pas question de frayer avec la plèbe de Saint-Anaclet ou de Sainte-Blandine!!  Haha bin non, je te niaise!!!

HB: Ok, fiou!!  Je n’aurais pas osé dire que j’habite Pointe-au-Père moi-là…  Merci de t’être prêtée à l’exercice, Maude, je te laisse maintenant à ta popularité naissante!! Fais attention à toi!!

[HB: se lance dans l’exposition du fait que les Rimouskois ont réellement une réputation de snobinards, et ce, partout au Québec. Non, il ne sait pas pourquoi, mais le monde de Gaspé et de Trois-Rivières pensent ça. Y’a sûrement un fond de vérité qu’il se dit.]