Texte Bourse Germaine-Santerre

Elodie Beaulieu, coresponsable de l’application de la convention collective

 

Chaque année, le comité du 8 mars du Collège a le plaisir de remettre une bourse de 500 $ en l’honneur de madame Germaine Santerre. Cette femme est une ancienne employée du Cégep de Rimouski ayant contribué à la mise sur pied des Services aux étudiants du cégep. La bourse Germaine-Santerre est remise à des étudiantes qui, malgré des conditions défavorables, savent se montrer fortes et déterminées dans la poursuite de leurs études et la prise en charge de leur avenir.

Pour postuler, les candidates devaient rédiger deux textes. Dans le premier, elles devaient se présenter et décrire leurs conditions de vie particulières. Dans le deuxième texte, elles devaient proposer une interprétation, réelle ou fictive, du thème de 2025 de la Journée internationale des droits des femmes « Encore en lutte ». Nous vous présentons ici le texte thématique de la gagnante. Bonne lecture !

Voici le texte de la récipiendaire, Catherine Poirier-Picker, étudiante en technique d’architecture au Cégep de Rimouski : 

Lutter. Toujours. Dedans comme dehors.

Ma lutte commence à l’intérieur. C’est une bataille discrète, mais acharnée. Apprendre à me faire confiance, à me sentir légitime. Réduire au silence cette voix qui murmure que je ne suis jamais suffisante, que je dois être parfaite. Déconstruire des siècles de conditionnement qui m’ont appris à douter, à chercher une validation extérieure, à percevoir l’homme comme l’unique référence.

La pression est partout. Dans les films qui dictent ce que je devrais être, dans les injonctions à plaire, à séduire, à me conformer. Dans les remarques anodines, la blague sexiste, la normalisation du déséquilibre.

On nous dit que nous avons des droits, mais ils sont précaires, sans cesse remis en question. L’égalité n’est pas un fait accompli, mais un horizon que l’on repousse toujours, où un « tu es bonne pour une fille » révèle une hiérarchie invisible, mais bien réelle.

Dehors, il y a mes amies, mes sœurs de lutte, qui avancent avec détermination, enchaînant les semaines de 50 heures, affrontant des exigences toujours plus élevées. Elles donnent tout, porte la charge mentale, dépassent les attentes, et pourtant ce n’est jamais assez.

Pourquoi?

Dehors, il y a les voix que l’on tait, les violences minimisées, la montée de la droite. Les violences sexuelles qui brisent, le droit à disposer de son corps sans cesse remis en cause, et ces filles mutilées de force, marquées à jamais sous couvert de coutumes oppressives.

Alors oui, encore en lutte. Parce que le combat n’a jamais cessé. Parce qu’abandonner, ce serait consentir. Parce que tant qu’on nous fera croire que nous sommes de trop, nous serons là pour dire : non.

À l’intérieur, à l’extérieur, nous continuerons la lutte.