Les Pas-si-grandes-entrevues

Hugo Boulanger, responsable des communications, de la mobilisation et de la gestion interne

 

Invité: Tristan Clermont (découvrez le gars sous le costume de Spiderman/lycra pour courir)

[Tristan prend place dans le bureau syndical et repère avec joie une canette de Bubbly ouverte sur le bureau]

 

TC: Onh… T’es fin, tu m’as craqué une canette juste pour moi…

HB: Non, c’est juste le bureau à Phil. Il est un peu traîneux des fois. Mais ne te gêne pas pour en prendre une gorgée si tu as soif.

TC: Ça va être correct…

HB: Dommage, elle était peut-être encore froide cette boisson… Débutons, d’abord!! Salut Tristant, tu connais bien le concept des pas-si-grandes-entrevues? T’es à l’aise avec toute cette popularité et le vedettariat associé?

TC: Absolument! En tout cas, en autant que ça ne nuise pas à ma carrière de jeune prof… En passant y’a pas de “T” à la fin de Tristan. Il y a déjà beaucoup de “T”, pas besoin d’un troisième.

HB: Oh.. regarde donc ça… Y’en a pas à la fin de Christian non plus, c’est bien trop vrai… Je vais corriger ça tout de suite! Mais, je te rassure, rien de ce que tu diras ici ne sera retenu contre toi. Tu sais que tu es privilégié en plus? Tu n’as même pas eu à me payer une bière pour avoir accès à la gloire? 

TC: Ah bon… Bin merci je suppose.

HB: Bon, t’as quand même eu droit à quelques questions gratuites, faudrait pas abuser non plus…On va commencer en douceur. Premièrement, t’as pas honte d’accepter d’être interviewé en plein numéro spécial 8 mars?

TC: Ah… non… Euh… Bin là, c’est toi qui m’a invité… C’est pas plutôt toi qui devrait avoir honte? 

HB: Bon, bon, bon. C’est moi qui pose les questions. Mais je te rassure, j’avais l’intention d’alterner le genre des personnes interviewées, fait que ce n’est pas vraiment de ta faute dans le fond. Pis, la personne que j’avais ciblée n’était pas disponible de toute façon.

TC: Tu sais que ça aurait pu être une entrevue mixte aussi…

HB: Oui! C’est même une excellente idée! Mais comme je ne l’ai pas eue en premier, je vais faire comme si de rien n'était et on va poursuivre l’exercice, veux-tu?

TC: Bin oui!

HB: C’était pas vraiment une question, c’était plus une façon de parler… Mais bon, on va mettre ça sur le compte de ta nervosité. Entrons dans le croustillant. T’es un gars de vélo… Est-ce ta haine généralisée des voitures ou la pression constante de ta selle sur ton périnée qui te motive le plus à utiliser ce moyen de transport?

TC: Je dirais que ma haine des voitures est mon principal carburant. En fait, l’expression “guerre à l’auto” me fait plus de douleur dans la région concernée que ma selle de vélo quand j’y pense.

HB: C’est à la fois anatomiquement et poétiquement imagé. J’aime ça! Parlant de vélo, peux-tu nous en dire plus sur la certification vélosympathique que tu as suggérée au cégep?

TC: Comme toute bonne certification, c’est une sorte de pression publique exercée sur une institution ou sur un organisme. Ça encourage les bonnes pratiques en matière de transport actif, ce qui aide à faire de ces organisations de bons citoyens corporatifs. Ça assure une certaine accessibilité (prêt de vélos), une sécurité relative (corridor cyclable, ralentisseurs) et on promouvoit la “culture vélo” en général. Ça peut inciter les établissements visés à mettre en place des infrastructures adéquates (support, enclos sécurisé, accès aux douches, etc.) tout en favorisant la bonne santé physique et mentale des personnes qui s’adonnent à cette activité. La culture vélo, ça favorise l’entraide entre les usagers et le développement de l’autonomie non seulement en matière de transport, mais aussi pour l’entretien de sa bécane par le partage des connaissances des pairs. En fait, je l’ai aussi proposé pour régler certains problèmes locaux comme le manque récurrent de places de stationnement et les difficultés financières chez les élèves. Un vélo, c’est pas si cher et le stationnement est gratuit… Ça m’apparaissait être un bon moyen de mettre de l’énergie afin de régler plusieurs problèmes en une seule démarche. Selon moi, il n’y a que des bénéfices à cette initiative. Mais, malheureusement, ce programme issu de Vélo Québec est en pause en ce moment, faute de financement provincial. Il est toutefois possible qu’une relance soit effectuée au printemps et que d’autres certifications soient émises à ce moment-là, et ça n’empêche pas le cégep d’aller de prendre un peu d’avance!

HB: Ok, wow! Je m’attendais à une réponse comme « j’aime le vélo et pas mourir en en faisant » ou quelque chose de même… Merci pour cette réponse très complète! Enchaînons (sans jeu de mots)... Comme ça, tu enseignes en foresterie. Dans mon temps, au Cégep de la Gaspésie-et-des-Îles, on appelait ça frosterie. Qu’en est-il exactement?

TC: Euh… je te demanderais si ta prononciation s’est améliorée depuis? Si tu as fait des progrès au niveau de ton élocution ou si tu as été diagnostiqué pour une forme de dysarthrie quelconque? 

HB: Non! Frosterie dans le sens que les élèves allaient se cacher pour fumer des joints dans le bois…

TC: Ah ok! Dans le sens de frosté! C’est dur à dire pour moi, nous n’avions pas ce programme dans le cégep où j’ai étudié (Édouard-Montpetit)… Y’avait un parc pas loin (et pas mal de frostés cela étant dit) mais pas de forêt. Mais, pour en revenir à ta question, je ne pense pas que nos élèves soient pires que les autres à ce niveau.

HB: On dirait que je suis déçu et que tu viens de briser l’une de mes illusions. Mais je ne t’en veux pas. Pas trop en tout cas. Puisqu’il est question de forêt, peux-tu m’expliquer grossièrement la différence entre les fonctions d’un technicien et d’un ingénieur forestier?

TC: Je dirais que l’ingénieur a davantage un rôle de planification stratégique, un rôle plus macro. Les ingénieurs sont un peu moins souvent en forêt. Ils disposent néanmoins de plusieurs moyens technologiques pour effectuer leur travail. L’objectif est de planifier les besoins en approvisionnement tout en respectant les usagers de nos forêts. On organise l’exploitation des ressources tout en assurant la préservation du milieu. Il n’est pas question que de l’exploitation du bois en tant que tel, mais également assurer la pérennité des ressources en eau, de l’industrie acéricole, de la chasse, de la pêche, du plein air, du trappage, etc. Nous sommes soutenus dans ces travaux par les techniciens forestiers qui sont nos yeux sur le terrain. Ils sont mieux outillés pour la récolte des données complètes et précises en forêt qui sont ensuite soumises aux ingénieurs. C’est un travail d’équipe où chaque rouage est important.

HB: Ah oui? Je n’avais pas instinctivement pensé à tout ça…D’après toi, qui faudrait-il soudoyer pour organiser notre party de Noël au pavillon de la forêt d’enseignement et de recherche du Cégep (FER MACPÈS)?

TC: Je dirais mon collègue Bruno Chabot, que je salue chaleureusement par ailleurs. Son numéro de téléphone est le 418…

 

[Philippe De Carufel arrive au bureau à ce moment-là]

PDC: Salut la compagnie! Wow ça sent dont bin l’épinette ici!!

HB: haha! Toi aussi tu trouves?

PDC: Je vois que vous êtes occupés, je vais aller travailler au B212. À plus!

TC: Où j’en étais déjà?

HB: Tristan, je te l’ai déjà dit, c’est moi qui pose les questions. Tu t’apprêtais à nous donner le numéro de téléphone personnel de Bruno… Oh pis je te rassure, ça ne sent pas l’épinette du tout… J’ai juste dit ça à cause de la relation hiérarchique entre Phil et moi.

TC: Ah oui! Mais plus j’y pense, moins je me dis que c’est une bonne idée que de diffuser ce numéro… surtout que ses mots de passe doivent sûrement contenir les 4 derniers chiffres de son numéro…

HB: Tu as probablement raison. Changeons de sujet, veux-tu? Non, réponds pas, souviens-toi. Tu es originaire de quelle ville ou (éco)région (c’est le nouveau terme à la mode) dis-moi? Là, tu peux répondre.

TC: Je viens de la rive-sud de Montréal. Chambly pour être plus précis.

HB: Nous sommes bien contents de t’avoir dans le bas du fleuve en tout cas! Admettons que tu travailles dans la forêt (tu vois, on y revient tout le temps) et que des extraterrestres affamés débarquent. Quel plat leur proposes-tu en tant qu’ambassadeur de la Terre?

TC: Oh là là…Ça dépend… Faut-tu que je leur cuisine de quoi avec des ingrédients de la forêt?

HB: Nenon, tu leur sers ce que tu veux…

TC: Ok, ok. S’ils sont méchants, je leur propose des champignons toxiques ou bin de quoi de pas bon comme un pain sandwich ou pire, un aspic. S’ils sont gentils, j'irais avec le repas préféré des élèves du programme de foresterie: la lasagne/salade-césar de la cafétéria.

HB: Quoi? Le repas préféré de vos élèves à la cafétéria n’est pas le Tony-Patates? Impossible.

TC: Un Tony-Patates, rendu à Sainte-Blandine, c’est rendu frette et plus si “épatatant” que ça si tu me permets l’expression…

HB: Probablement pas non… Dis-moi, si tu pouvais changer une loi universelle (comme la gravité) ce serait laquelle et pourquoi?

TC: Ce n’est pas une loi universelle, mais je m’attaquerais au capitalisme, je pense. Histoire que les gens cessent de croire que la richesse garantit le bonheur. Trouver une façon de faire cesser la croissance économique infinie et tenter de décider communément de notre avenir.

HB: T’as raison, ce n’est pas une loi universelle pantoute, mais ça me touche. Dernière question: avec quel personnage historique aimerais-tu t’entretenir et que lui dirais-tu?

TC: Je dirais René Lévesque. Je lui demanderais comment il faisait pour parler non seulement aux individus, mais aussi à la majorité pour mobiliser le peuple vers un projet fédérateur. J’ai l’impression qu’il y a moins de sentiment d'unité aujourd'hui. C’est quand même quelque chose d’avoir pu rejoindre la population sans disposer des moyens de communication actuels…

HB: À mon avis, ç'a rapport à ses origines gaspésiennes. Je dis ça, je dis rien… Un grand merci à toi, Tristan, de t’être prêté à l’exercice, ça m’a fait plaisir d’apprendre à te connaître davantage! N’hésite pas à nous envoyer d’autres nouveaux profs afin que l’on puisse les connaître également.

TC: Sans faute!