Le jupon dépasse, j’étais un fan fini de la chronique devenue le temps d’un instant une baladodiffusion « Le Spornographe » offerte par les brillants Jean-Philippe Wauthier, Olivier Niquet et Jean-Philippe Pleau (oui, 2 Jean-Philippe…), qui parodiait toute la folie médiatique entourant la couverture du Canadiens de Montréal. Semble-t-il que cette émission a toutefois cessé d’exister… à moins qu’une personne technophile parmi vous me fasse la grâce de m’indiquer où le désopilant trio continue de sévir.
Bref, cette petite chronique s’inspire largement de ces messieurs en abordant de façon un peu niaise l’actualité relative à notre sport national. Errerais-je? Fort probablement. Niaise-je? Assurément.
Oh que ce n’est pas facile que d’écrire cette chronique avec un tel décalage!
En décembre et en janvier dernier, Canadiens nous a offert de superbes performances soutirant la victoire à des équipes pourtant nettement mieux nanties et contre lesquelles il subissait régulièrement la défaite dans les mois et les années passées. Honnêtement, je ne me souvenais pas d’avoir vu le CH l’emporter en Floride pendant le traditionnel voyage des Fêtes. Voilà qui fut à la fois réjouissant et rassurant en ce qui concerne l’avenir de l’équipe. Avouons-le, c’est toujours plaisant de voir notre équipe trouver une façon de gagner face à des adversaires coriaces. Genre de David contre Goliath mais en patin, pas en sandales. Pis avec pas de fronde. Peut-être pas ma meilleure métaphore finalement. Mais bon, trêve de figure de style et débutons cette chronique en mettant de l’avant les femmes qui pratiquent professionnellement notre sport national.
La victoire de la Victoire
Depuis maintenant presque 2 ans (fondation en août 2023) la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) offre enfin des conditions d’exercice intéressantes pour les femmes désireuses de gagner leur vie en pratiquant leur sport préféré. Nous sommes toutefois encore à des années-lumières de leur homologues masculins (salaire annuel moyen de 74 000$ pour mesdames et plus d’un million par saison en moyenne pour ces messieurs), mais au moins ces revenus « décents » permettent à ces pionnières de pouvoir se concentrer sur leur sport sans nécessairement à avoir à trouver un second emploi pour assurer leur subsistance. La ligue se compose de 6 équipes au total dont trois sont canadiennes (Montréal, Toronto et Ottawa) et trois sont américaines (Boston, Minneapolis, New-York). Notons le cas particulier où le nom de ces concessions n’a été révélé que lors de la seconde année de fonctionnement, soit pour la saison actuelle. L’année dernière, seul le nom des villes était utilisé pour identifier ces équipes. Pourquoi? C’est que la création de la ligue a été une opération fulgurante et la plupart de ces équipes n’avaient pas encore arrêté leur choix en ce qui concerne le nom et le logo associé au moment de son lancement. Pour éviter tout geste de précipitation et les regrets associés, l’administration a donc choisi de prendre la question en délibéré afin d’assurer un choix plus éclairé.
L’équipe de Montréal a depuis pris le nom de « la Victoire », un nom qui n’a pas fait l’unanimité au départ (plusieurs craignaient en effet les jeux de mots étranges en cas de défaite), mais il faut croire que la plupart des détracteurs se sont finalement rangés derrière le nom de la seule équipe québécoise du lot. L’uniforme est splendide et se compose d’un mélange d’un bourgogne rehaussé d’éléments blanc crème qui laisse l’impression d’une certaine noblesse. Le logo a quant à lui une touche rétro et comporte la fleur de lys, le « M» de Montréal et des ailes d’une forme abstraite symbolisant la déesse de la victoire.
Au moment d’écrire ces lignes, la Victoire trône au sommet du classement avec une récolte de 13 victoires en 18 parties jouées (10-3-1-4) pour un total de 37 points. La ligue se base en effet sur le système de l’IIHF pour le décompte des points, c’est-à-dire qu’on alloue 3 points pour une victoire en temps régulier, 2 points pour une victoire en temps supplémentaire, 1 point pour une défaite en temps supplémentaire et aucun point pour les défaites en temps réguliers). Ce n’est pas qu’à ce niveau que la LPHF se distingue de la LNH. La ligue féminine protège mieux ses joueuses des coups à la tête en imposant automatiquement une punition majeure et une inconduite de partie pour une joueuse responsable d’un tel geste. Il n’est également pas possible de mettre en échec frontalement une joueuse adverse, ce qui limite la force de ces impacts. Pour améliorer le spectacle, le livre des règlements précise également qu’une équipe écopant d’une pénalité doit garder son alignement actif sur la glace pour faire immédiatement face à l’avantage numérique adverse.
D’un point de vue individuel, Marie-Philip Poulin domine la colonne des buts avec 12 filets complétés en 18 joutes. C’est toutefois une joueuse des Sceptres de Toronto,Hannah Miller, qui tient le haut du pavé avec 20 points en 22 parties. Gardons le meilleur pour la fin en soulignant les incroyables performances de la gardienne de but de la Victoire, Ann-Renée Desbiens, qui survole la ligue avec des statistiques ahurissantes: 10 victoires (1er rang), moyenne de 1,75 but accordé (1er rang) et un pourcentage d’arrêt de 0,936 (1er rang). Bref, c’est tout simplement la meilleure de la ligue en ce moment.
Pour ce qui est du spectacle, la LPHF joue le plus souvent à la Place Bell de Laval, un amphithéâtre neuf répondant aux plus hauts standards d’excellence. L’expérience y est très plaisante et est principalement axée sur les interactions avec le public. Comme quoi, quand on ne prend pas le partisan moyen pour acquis, on est capable de déployer quelques efforts pour générer des événements réellement intéressants. Je n’ai pas encore eu la chance d’y assister, mais plusieurs connaissances montréalaises m’ont certifié avoir adoré le spectacle. Un des meilleurs rapport qualité-prix du marché sportif au Québec.
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Volée de bois mort
Comme annoncé au cours de la dernière chronique, il est maintenant temps de discuter de la composition des joueurs des 3e et 4e trios de Canadiens. Habituellement, quand il est question des employés de soutien de Canadiens, ça ne soulève pas les passions. Avec raison, je dirais surtout considérant la médiocrité habituelle à ces positions au cours des années passées. Mais cette fois, le portrait est un peu plus encourageant. Mais on y reviendra assez vite… la majorité des 6 joueurs composant ces trios sont simplement trop rémunérés pour les performances offertes.
Débutons avec la troisième ligne:
- Christian Dvorak: Ou “D-Vo” pour les intimes. Pas le plus beau, pas le meilleur…Mais y’a l’air tellement fin… En fait, son plus grand défaut est de nous avoir été vendu comme LE remplaçant de Philip Danault mais en plus offensif. Foutaises! Il est au moins un centre défensif efficace avec une certaine touche de marqueur devant le filet adverse, mais Christian ne s’y rend malencontreusement pas assez souvent pour accomplir son destin. Blessé régulièrement depuis son arrivée avec le CH, le centre américain n’a malheureusement jamais pu faire honneur aux 5 millions qui lui sont versés annuellement.
- Josh Anderson: Dit la licorne. En tout cas selon Marc Bergevin. C’est que, voyez-vous, le beau Josh a tout ce qu’il faut pour réussir. Il est costaud, très rapide, agile et il possède un excellent tir. Mais, pour une inexplicable raison, pas capable de la mettre dedans. En fait, on dirait qu’il ne sait pas quoi faire de toute cette vitesse. La majorité de ses jeux avorte donc dans le fond de la zone adverse après avoir raté le filet. On a vainement tenté de le placer en position avantageuse sur le premier ou le second trio mais le gâteau ne lève tout simplement pas. On constate toutefois que, dans un rôle défensif, Anderson peut apporter énormément à cette équipe. Mais, commandant un salaire annuel de 5.5 millions de dollars, mettons que Canadiens paie très cher les beaux jeux défensifs.
- Brendan Gallagher: Le guerrier. Pas le plus gros, pas le plus talentueux, pas le plus rapide, début de calvitie mais, il a du coeur à revendre. Contre vents et marées (et les coups de Sherwood), le frêle attaquant multiplie les présences devant le filet adverse se faisant un honneur de nous compter les plus beaux buts-poubelles de la ligue! Armé de sa crosse comme d’une pelle, il n’hésite pas à loger derrière le gardien tout ce qui traîne dans le demi-cercle sacré. Il nous offre en ce moment son meilleur hockey depuis quelques années, lui qui a été régulièrement sur la liste des blessés au cours des saisons antérieures. Mais, la même rhétorique s’applique, avec un salaire de 6.5 millions par année, nous serions en droit de nous attendre à plus de la part d’un attaquant si grassement payé.
Poursuivons avec la quatrième ligne:
- Jake Evans: Une aubaine. Probablement le joueur qui sera le plus en demande d’ici la date limite des échanges. Grand spécialiste défensif, il constitue avec Joel Armia LE meilleur duo de la ligue en désavantage numérique. Arrivant en fin de contrat, son avenir à Montréal semble toutefois incertain considérant la distance apparente entre ses exigences salariales et ce que veut lui offrir l’équipe. Souhaitons tout de même que l’équipe fasse un effort pour retenir ses services.
- Joel Armia: Le couteau suisse. Splendidement efficace en protection de rondelle, il est en mesure de dépanner sur une ligne offensive pour une durée limitée. Doté d’un gros physique et d’un excellent tir, il a littéralement tout pour plaire. Sa place sur un 4e trio d’une équipe aspirante à la coupe Stanley ne fait aucun doute. Mais, tout comme Dvorak et Anderson, il est nettement trop cher payé pour occuper une telle position dans l’alignement.
- Emil Heineman: Le négligé. Depuis que le bel Emil a décidé de tenter la mise en échec sur une voiture à Salt Lake City en janvier dernier, l’équipe a connu un spectaculaire recul. Voilà qui démontre toute la fragilité d’un alignement… suffit d’une blessure à un joueur de 4e trio jouant en moyenne 5 minutes par match pour que le château de cartes ne s'effondre. Sans être outrageusement dominant, Heineman a tout de même 10 buts à son compteur cette année et est l’un des joueurs les plus efficaces de la LNH en récupération de rondelles en fond de territoire offensif. Quand même pas mal pour une recrue!
Les deux plus-si-nouveaux
Débutons par l’arrivée d’Alexandre Carrier, reçu en échange de Justin Barron depuis les Predators de Nashville. Sans être un colosse, Alexandre « joue gros » et a su stabiliser le groupe de défenseurs depuis sont arrivée. Le CH a assurément fait un bon coup avec cet échange puisque nous sommes passés d’un défenseur marginal qui jouait environ 1 match sur 4 à un défenseur présent à chacune des joutes et qui a grandement contribué aux récents succès de l’équipe.
Jakub Dobes, quant à lui, a connu un départ fracassant avec le grand club en enchaînant 4 victoires consécutives après son rappel. Depuis, les choses se sont un peu calmées pour lui (il est humain, finalement) et ironiquement c’est Cayden Primeau qui brûle la ligue américaine en son absence. Lequel des deux finira la saison avec la sainte flanelle? Il y a ici de quoi alimenter le débat!
On en rajoute avec Lane Hutson
Non mais… L’avez-vous vu aller? On manque de superlatif pour qualifier le jeu du fougueux jeune défenseur. Nous avons constaté une légère baisse de régime ces derniers temps - sans surprise puisque Lane n’a jamais été confronté à un calendrier aussi chargé en carrière - mais, il faut tout de même prendre le temps d’apprécier la qualité de son jeu. Il s’agit en fait du premier défenseur à cumuler plus de 40 passes en moins de 60 parties, du jamais vu depuis la saisons 1991-1992 et un certain Niklas Lindstrom. Il est évidemment de toutes les discussions en ce qui concerne le prochain récipiendaire du trophée Calder décerné à la meilleure recrue en saison régulière. Si jamais cet honneur lui échappe, sachez que le Québec pourrait tout de même souligner sa réussite en changeant le nom de la Baie d’Hudson pour Baie d’Hutson. Dans le fond, on ne changerait qu’une seule lettre, on garderait une consonance similaire et on éliminerait du même coup le nom d’une compagnie qui s’est enrichie sur le dos des Premières Nations. Genre de solution gagnant-gagnant-gagnant, surtout que les changements toponymiques saugrenus (voir la proposition pour le golfe du Mexique) sont assez populaires ces temps-ci…
Acheteur ou vendeur?
Le 7 mars, c’est la date limite pour procéder à un échange dans la LNH. Que fera Canadiens? Personnellement, j’espère qu’on ne procèdera qu’à des échanges mineurs. Des noms circulent actuellement dans les rumeurs d’échange: Savard, Matheson, Dvorak, Armia et Evans sont les plus souvent évoqués. En ce qui me concerne, je recommanderais la prudence parce que l’histoire nous a montré que la présence de vétérans dévoués a un effet bénéfique sur le développement des jeunes vedettes. Il faut penser à bien encadrer nos jeunes poulains pour éviter la dérive qu’ont connue certains clubs remplis de jeunes étoiles montantes de la ligue. Qui plus est, le CH déborde de choix pour les prochains repêchages. Il serait donc contre-productif que d’échanger un Dvorak pour un choix de 3e ronde qui ne ferait peut-être jamais l’équipe. Mais s’il faut absolument transiger pour satisfaire tout le monde, j’aimerais recevoir un attaquant d’expérience susceptible de remplacer l’un des quelques suspects mentionnés ci-haut dans le cadre d’un échange de joueurs établis.