Coups de cœur féministes

Élise Côté-Levesque et Aimée Lévesque, gentilles membres du comité d’information du SEECR

Pandore, série télé belge, disponible sur TV5

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<p>Description générée automatiquement
La première saison de Pandore, à la croisée de la série policière et du thriller politique, raconte l’enquête de Claire Delval, juge d’instruction, sur le viol d’une activiste. À cette affaire est mêlé Mark Van Dyck, un politicien opportuniste qui se saisit de ce viol afin de propulser sa carrière. Ce personnage odieux est toutefois construit avec une nuance étonnante, de manière non pas à excuser son comportement, mais plutôt à mettre en lumière comment des hommes de pouvoir arrivent à se persuader qu’ils font le bien même lorsqu’ils sacrifient ceux qui les entourent - les femmes au premier plan.

 

 

La deuxième saison creuse cette veine et vaut aussi le détour : surfant sur ses succès précédents, Van Dyck poursuit son instrumentalisation du féminisme pour faire adopter en douce des mesures de surveillance intrusives. Claire Delval, pendant ce temps, cherche comment faire tomber cet homme.

Et une mention spéciale au générique, qui représente les enjeux de la série d'une manière fort intelligente.

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Ce qu’elles disent (Women Talking), film réalisé par Sarah Polley en 2022 à partir d’un livre de Miriam Toews, disponible à la bibliothèque Gilles-Vigneault

Dans une communauté religieuse isolée, les femmes décident collectivement de reprendre leur destin en mains après avoir subi une vague inquiétante d’agressions commises par des hommes. Tenues à l’écart de l’école, elles ne savent ni lire ni écrire, mais qu’à cela ne tienne : elles organisent un vote, puis certaines d’entre elles, issues de plusieurs générations de familles influentes, délibèrent. Choisiront-elles de rester et de se battre ou de quitter leur communauté? 

Véritable leçon d’humanisme, ce film montre un collectif capable de prendre une décision sensée et consentie lorsqu’il a, sinon le temps, la possibilité matérielle de se consacrer au processus. Chaque personnage féminin est fort en soi, mais toutes sont plus fortes ensemble. 

 

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Mouron des champs, livre de poésie de Marie-Hélène Voyer (collègue enseignante de français au Cégep de Rimouski), disponible à la bibliothèque Gilles-Vigneault

Le genre poétique offre le cadre parfait pour la langue à la fois foisonnante et précise de Marie-Hélène Voyer. Dans Mouron des champs, la voix poétique, jeune fille ayant grandi sur une ferme, entourée de femmes de sa famille et apprenant d’elles la vie domestique, la vie de croyante, la vie de femme, « ne magnifie rien » de la vie de « nos mères / braves et vives / dans leurs odeurs d’épuisement »; elle « appren[d] à vivre rieuse / dans l’ombre portée de [ses] mortes ». 

Et nous, lecteurices, nous réjouissons de constater que l’autrice n’a pas suivi la promesse faite à la mère, soit de « ne jamais écrire », tant ce livre, dans la foulée d’Expo habitat, mélange habilement le sombre et le lumineux, nous laissant au final avec rien de la bête nostalgie (qui « a le goût écoeurant des fruits trop mûrs »), et tout du vrai qui fonde nos filiations, ce beau qui n’en a pas toujours le visage.