Éthos (v. o. Bir başkadır), série de Berkun Oya (Turquie), 2020 (disponible sur Netflix)
Moins connues chez nous, les séries turques sont une référence pour plusieurs pays du Moyen-Orient et du monde arabe en général. Celle que je vous propose ici ne met pas en scène du drame amoureux extravagant ni des trahisons spectaculaires, comme c’est souvent le cas ; dans Éthos (ou Bir başkadır, qui signifie ‘C’est un.e autre’, ‘Il ou elle est différent.e’), une série aux plans léchés et à la lenteur maitrisée, les tensions actuelles qui divisent les Turc.ques sont nommées dès le premier épisode : religion/sécularité, mode de vie à l’orientale/à l’européenne, vie rurale/vie urbaine, etc. La communauté des femmes, pour qui les croyances impliquent de faire des choix quant à leur présentation physique (porter le hijab ou non, notamment, mais pas que), vit nécessairement des tensions en son sein ; cette série réussit à montrer différentes nuances dans la façon d’être Turque, et comment les femmes arrivent à naviguer là-dedans – en plus de devoir faire face à leurs obligations familiales ainsi qu’à la domination masculine –, à y tisser ou non une sororité. En huit épisodes d’un peu plus de quarante-cinq minutes chacun, Éthos est une série qui bouscule les préjugés.
In Vino Femina : Les tribulations d’une femme dans le monde du vin, bande dessinée d’Alessandra Fottorino et Céline Pernot-Burlet, Hachette (France), 2022 (disponible à la bibliothèque Gilles-Vigneault)
Une bande dessinée sur ce que vivent les femmes qui travaillent dans le monde du vin ? Cela vous semble peut-être trop niché, mais l’autrice avait de quoi raconter : le livre fait 189 pages, et celles-ci sont bien bourrées (excusez-la) de texte, même si au demeurant, le traitement du sujet demeure plutôt en surface. Histoire de femmes ayant marqué le monde du vin ou travaillant dans le domaine aujourd’hui (vigneronnes, cavistes, sommelières…) et, en alternance, saynètes (nommées « lampées sexistes ») montrant des tranches de vie de femmes vendant du vin et se faisant verser (hum) toutes sortes de commentaires déplacés. Heureusement, des femmes talentueuses font leur place et travaillent à changer les codes de ce milieu machiste. À la fin, une section présentant des bouteilles vinifiées par des femmes ou des allié.es, dont on aimerait que plus d’entre elles soient dans les rayons de nos SAQ. Cette lecture s’accompagnera bien d’un petit verre de seyval blanc québécois, une fois la correction terminée. Et je vous parie qu’après ça, vous reprendrez la prochaine personne qui vous dit d’un vin qu’il est « féminin » ou « masculin ».