Bad Sisters, série créée par Brett Baer, Dave Finkel et Sharon Horgan, 2022
Cette série aussi divertissante que dérangeante se penche sur les circonstances de la mort du mari de Grace, John Paul, circonstances dans lesquelles semblent tremper les quatre sœurs de Grace. C’est que chacune d’elles a des raisons très personnelles d’en vouloir à l’homme, personnage absolument odieux et détestable, manipulateur de premier ordre se réjouissant de la souffrance des autres, particulièrement lorsqu’il la provoque lui-même.
Mais si les quatre femmes sont prêtes à tout pour se débarrasser de John Paul (ce qui résultera en moult situations cocasses - et d’autres moins), c’est surtout en raison de la façon dont il traite leur sœur Grace. En effet, au fil des années qu’a duré ce mariage, elles ont vu Grace s’éteindre et se couper du soutien de sa famille, conséquence du pouvoir que John Paul exerce sur elle. La série représente ainsi tout ce que la violence conjugale peut avoir de sournois et comment, même sans coups, elle peut détruire femmes et enfants.
À voir pour s’amuser, d’une part, mais aussi pour mieux comprendre certains ressorts de la violence conjugale. (Et pour admirer les paysages de l’Irlande, où a eu lieu le tournage.) Rarement une série aura aussi bien porté le titre de comédie dramatique.
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Maman, arrête de mourir. Survivre aux féminicides, balado scénarisé et réalisé par Marie-Michèle Giguère, animé par Monique Néron
On l’a certainement vu dans les nouvelles (si on a la « chance » de ne pas habiter avec un conjoint violent ou de ne connaître personne dans cette situation), les nombreux confinements ont eu des conséquences dévastatrices sur les femmes victimes de violence conjugale, enfermées avec leur conjoint, privées de leur réseau de soutien. Plus de femmes que jamais ont été tuées.
Au-delà des grands titres, déjà bien assez bouleversants, il y a aussi des familles endeuillées : parents, frères et sœurs, mais aussi enfants (une quarantaine d’enfants ont été rendus orphelins à la suite des 26 féminicides de 2021). C’est à eux tous que s’intéresse le balado Maman, arrête de mourir, qui suit trois familles qui tentent tant bien que mal de poursuivre leur vie après l’horreur.
J’ai été souvent émue par les témoignages poignants des familles, qui expriment leur peine et qui rendent compte de leur cheminement : comment annoncer à son petit-fils que sa mère est morte ? Comment aborder la question avec son neveu encore bambin, comment lui dire un jour que si ce n’est pas sa mère qui est avec lui, c’est parce que son père l’a tuée ? Comment traverser les étapes du processus judiciaire, qui peut durer des mois, sinon des années ? Qu’a-t-on changé, dans nos services sociaux, pour faire en sorte que les femmes victimes de violence reçoivent de l’aide, et que cette aide soit « efficace », durable ?
Le sujet est douloureux, oui, mais il m’a semblé que le balado, en sortant des grands titres sensationnalistes ou réducteurs, en s’attardant aux parcours de personnes qu’on prend le temps de nous présenter et d’écouter, parvient à lever le voile sur quelque chose de plus grand et de plus profond.
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