Le Collectif 8 mars nous propose cette année une Journée internationale des droits des femmes sous le thème « L’avenir est féministe ».
Ce thème semble plus pertinent que jamais. Après presque deux ans de pandémie, le constat est fort : ce sont les travailleurs et travailleuses des métiers de soin qui ont tenu la société à bout de bras. Largement surreprésentées dans les milieux de la santé, de l’éducation, de la proche aidance, des services éducatifs à la petite enfance ainsi que dans les milieux communautaires, les femmes sont au front dans une multitude de services de soins au Québec. Elles sont sans aucun doute essentielles, mais certainement pas inépuisables.
Alors que nous vivons une importante pénurie de main-d’œuvre, la charge de travail, elle, est de plus en plus lourde à porter pour les travailleuses et travailleurs des métiers de soin. Après plusieurs décennies de coupes budgétaires dans les services publics pendant lesquelles les organismes communautaires étaient mis sous respirateur artificiel, il n’est plus possible d’ignorer les dégâts. Les vulnérabilités de nos institutions, désormais criantes, et l’ignorance des revendications des milieux ont leur lot de conséquences sur l’état de santé de celles et ceux qui y travaillent. Résultat : ces personnes se sentent abandonnées, stressées et épuisées. Plusieurs sont en arrêt maladie et d’autres quittent carrément leur milieu de travail, choisissant leur santé au détriment de leurs ambitions professionnelles. Dès lors, il n’est pas étonnant d’assister aux difficultés croissantes des établissements à recruter et assurer la continuité des services aux personnes les plus vulnérables.
La population continue d’avoir besoin de places en garderie, de soins de santé et de services pour une éducation de qualité. C’est présentement l’accès aux services qui est compromis.
Est-ce qu’un avenir féministe peut contribuer aux solutions ? Un collectif rimouskois de femmes s’est formé au printemps dernier pour l’imaginer, l’espérer et le revendiquer. Ce sont des changements de société concrets que nous avons besoin d’opérer pour y parvenir. Cela passera inévitablement par des investissements massifs dans les milieux de soin, d’éducation, ainsi que dans nos milieux communautaires. Ces investissements sont plus que nécessaires, tout d’abord, parce que la majorité des emplois de ces secteurs sont occupés par des femmes, mais aussi parce que ce sont les femmes qui paient le prix fort lorsque l’accès aux services est compromis. Elles en subissent les conséquences comme proche aidante, comme mère, comme travailleuse qui n’a pas de place en garderie…
Évidemment, l’équité salariale, le respect de l’autonomie de pratique, la reconnaissance des expertises et la reconnaissance des impacts psychologiques font partie des revendications que porte ce groupe.
Ce comité se joint à la mobilisation du 8 mars afin que ces travailleuses soient entendues et que les prochaines décisions politiques et publiques répondent aux enjeux actuels et favorisent un réel filet de sécurité pour les personnes qui ont besoin de soutien. Un avenir féministe mettrait en lumière une perspective certainement différente en ce qui a trait à la liberté, à la justice sociale et à la solidarité. D’un regard teinté d’enjeux reliés à la crise sanitaire passée et actuelle, un avenir féministe estimerait certainement les métiers de soin de façon différente.
Illustration : Charlotte Garneau1
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Notes
1. GARNEAU, Charlotte. Essentielles mais non-inépuisables, Rimouski, [s.é]