L’oisiveté, dit-on, est la mère de tous les vices, mais l’excès de travail est le père de toutes les soumissions.
Albert Jacquard
Inquiété par la faible participation aux assemblées générales de l’automne, le Comité de coordination syndicale a décidé de réaliser un sondage électronique sur la participation à la vie syndicale en mars 2019. Vous avez été très exactement 79 membres à répondre à notre sondage sur la participation syndicale en mars dernier. D’abord, merci! Peut-être est-ce une simple coïncidence, mais nous avons observé une hausse de participation à la suite de cette consultation et nous avons senti que malgré une participation timide cet automne, les membres répondaient à l’appel dans les moments les plus critiques. Nous tenions tout de même à partager avec vous ce qui ressort de cette consultation.
La plaie des temps modernes : le manque de temps
Le premier constat qui se dégage de ce sondage, mené dans le but de mieux comprendre le rapport des membres du SEECR à leur vie syndicale, est le suivant : bien que les membres sont intéressés par la vie syndicale, le manque de temps explique bien souvent le peu de participation aux instances syndicales en grand groupe.
Souvent, dans les commentaires, cette donnée était répétée. La lourdeur de la tâche y apparait fortement : les nouveaux cours, les tâches avec plusieurs préparations, le nombre de corrections, l’administration des cours via Léa, la lecture des courriels sur deux plateformes (vais-je rater une information fondamentale? une demande importante d’une ou un élève?), les travaux départementaux qui impliquent la participation à plusieurs comités... Tout cela prend énormément de temps.
De plus, les horaires atypiques obligent souvent les départements à tenir une réunion au cours du seul moment où tout le monde est libre : dans le cadre de la vie étudiante et syndicale. Mais quand ce ne sont pas les réunions départementales, ce sont les rencontres avec les étudiantes et les étudiants, les réunions pour les projets divers, les sorties pédagogiques, industrielles ou culturelles, l’accompagnement des stages, etc.
Le manque de temps s’explique aussi en raison de la difficile conciliation famille-travail qui a été évoquée à plusieurs reprises. Nous avons la chance d’avoir vu le corps professoral se renouveler dans les dernières années, mais ces jeunes profs sont aussi de jeunes parents.
On le voit bien, nos membres ne chôment pas, si bien qu’il leur est difficile de s’occuper des affaires syndicales.
Le travail des élues et des élus est-il satisfaisant?
Le deuxième point qui ressort du sondage est la grande confiance des membres envers leurs élus, dont on trouve que le travail est adéquat. Toutefois, quelques réponses semblaient indiquer un inconfort des membres qui ont l’impression que les élus du Comité de coordination syndicale ou les discussions en assemblées représentent une seule vision du monde, si bien qu’il leur semble difficile de pouvoir exprimer librement leur opinion, certains à l’avance de ne pas être entendus en raison de la « couleur politique » de celles et ceux qui prennent le plus la parole. Bien que peu nombreuses, nous prenons au sérieux ces remarques, car l’élément le plus fondamental pour un syndicat qui se respecte est de s’assurer que chaque membre se sente libre de prendre la parole.
Exprimer un point de vue qui s’oppose au consensus qui semble dominer est difficile. Parfois, il s’agit de perception et il suffirait que la personne exprime son désaccord pour découvrir que d’autres personnes épousent son point de vue. Il faut se rappeler que toutes les idées qui peuvent enrichir le débat démocratique sont les bienvenues et que toutes doivent être entendues dans le respect. Toutefois, ce ne sont pas toutes les idées qui seront adoptées, et c’est le processus démocratique qui décidera quelles seront celles choisies par les membres. En n’exprimant pas une idée, par peur du rejet ou du jugement, on prive la communauté d’un argument qui contribuera, d’une manière ou d’une autre, au débat. Dans le même ordre d’idées, il ne faut pas hésiter à poser des questions lorsque certains éléments nous échappent.
Nous devons tout faire pour que chacun et chacune se sente libre de prendre la parole. Pour cette raison, nous nous sommes dit que nous pourrions offrir des formations sur la prise de parole, comme nous l’avons déjà fait en d’autres temps. Nous sommes des enseignantes et des enseignants, après tout!
Enfin, quelques-uns reprochent au SEECR de s’occuper de questions sociales ou environnementales qui n’ont rien à voir avec la tâche enseignante et la réalité enseignante. Pour d’autres, cet aspect de l’engagement syndical correspond à leurs valeurs et leur convient tout à fait.
Il est clair que le SEECR, depuis le début de sa formation, est un syndicat qui a toujours eu à cœur de se sentir intégré dans son milieu de vie, sachant que le cégep est un moteur économique, culturel et social d’importance. Son interaction avec le milieu est nécessaire à la fois pour la vitalité du milieu et pour la vitalité du cégep lui-même. C’est pourquoi, tout naturellement, le SEECR s’est inscrit lui aussi dans cette vision d’interaction.
En fait, le SEECR prend la couleur des membres qui l’animent. Ainsi, au fil des ans, le SEECR a parfois été très présent sur la scène sociale, ou sur la scène environnementale, ou sur le front des régions en mode survie… Ces différentes orientations sont souvent proposées par le comité de coordination syndicale, mais comme nous le rappelons souvent, l’assemblée générale est souveraine et détermine ses priorités, d’où l’importance d’y participer pour y imprimer sa couleur.
Bonne note pour les communications
Les réponses des membres en lien avec cet aspect sont des plus favorables. De La Riposte électronique aux courriels, les répondantes et les répondants se sont déclarés satisfaits et informés.
30 % des personnes qui ont répondu lisent presque toujours tous les articles de La Riposte; seulement 7,6 % ne lisent jamais notre journal syndical. Les textes informatifs qui concernent nos conditions de travail et l’éducation vous intéressent particulièrement, mais les textes d’opinion et les sujets à portée sociale, comme la politique et l’environnement, ont aussi la cote. Plusieurs disent apprécier le nouveau format en ligne, mais certains nostalgiques s’ennuient de la version papier… On nous a d’ailleurs suggéré d’en laisser quelques copies imprimées au bureau de poste, suggestion que nous examinerons l’an prochain.
La page Facebook du SEECR est moins populaire. Bien qu’elle compte 115 membres, dont une centaine de membres actifs, et que nos publications soient généralement vues par plus de 60 personnes, près de la moitié des répondantes et des répondants n’y sont tout simplement pas abonnés.
Enfin, 80 % des personnes qui ont répondu à ce sondage lisent presque toujours les courriels envoyés par le SEECR, et plus de 90 % jugent que le SEECR n’envoie pas trop de courriels et que ceux-ci sont pertinents.
Bref, les membres du SEECR se tiennent informés, ce dont on ne peut que se réjouir! Comme le disait (peut-être) Francis Bacon, le vrai pouvoir, c’est le savoir!
Quelle conclusion tirer?
Comme nous le mentionnions d’entrée de jeu, la participation à ce sondage et les résultats de celui-ci nous ont rassurés quant à l’adhésion de nos membres à notre projet syndical, mais nous ont confirmé que la participation aux assemblées générales est loin d’être facile. Paradoxalement, notre tâche, toujours plus lourde et complexe, nous empêche de participer aux activités syndicales qui pourraient nous permettre de trouver des solutions pour alléger ladite tâche. L’excès de travail est le père de toutes les soumissions, disait Albert Jacquard.
Notre tâche enseignante et nos conditions de travail, la précarité et la conciliation famille-travail seront au cœur de la négo qui s’amorce. Il sera particulièrement important de se tenir informé, de se mobiliser et de prendre part aux discussions et aux décisions syndicales. Premier rendez-vous en 2019-2020 : le 27 aout pour l’assemblée générale spécial négo. Soyez-y!