La précarité est un état que la plupart d’entre nous connaissent, ou ont connu, et qui dure parfois quelques années, parfois beaucoup plus. Les cas de figure peuvent être aussi nombreux que les précaires, mais plusieurs enjeux sont relativement communs à tous ceux et celles qui vivent cette situation. Au cas où vous ne le saviez pas, le SEECR possède son propre comité de la précarité, dument élu et mandaté afin de réfléchir à ces enjeux et de proposer des pistes de réflexion et d’action. D’ailleurs, si la question vous intéresse, il reste encore des places.
Dernièrement, votre dévoué comité syndical de la précarité s’est réuni pour une petite séance de remue-méninges afin d’identifier quelles devraient être les priorités d’action pour notre syndicat. Dans un premier temps, nous avons identifié des sujets et des enjeux qu’il est possible de traiter au niveau local. Mais nous avons aussi élargi la réflexion, car 2019 s’en vient : une jolie année placée sous le signe du renouvèlement de la convention collective, pour ceux et celles qui auraient oublié que 2020 marque la fin de notre contrat de travail.
Les discussions ont été fructueuses et fort intéressantes, si bien que moult enjeux ont été définis. Afin de résumer l’essentiel des discussions, je me suis permis de remettre tout cela en ordre.
Engagement et ancienneté
D’abord, il y a les enjeux qui touchent l’embauche. Un premier enjeu est celui des embauches de dernière minute. Deux questions sont sous-entendues : premièrement, comment prévoir ces embauches? Cette question est brulante d’actualité dans le contexte où les prévisions de ressources sont extrêmement prudentes. Comment améliorer le processus de prévision des effectifs? Parce qu’il n’est vraiment pas évident pour une personne, qui peut être néophyte dans le domaine de l’enseignement collégial, de sauter dans l’action le lendemain ou quelques jours après son embauche. Parallèlement à cet enjeu, on retrouve la question des conflits d’horaire : comment éviter qu’une personne précaire perde de la tâche (et aussi l’ancienneté liée à cette tâche) en cas de conflit d’horaire, lorsqu’un groupe ouvre à la dernière minute?
Nous avons aussi discuté de l’importance d’avoir des règles de suppléance claire, quand on sait que quelques heures de suppléance peuvent permettre à quelqu’un de « dépasser » un ou une collègue dans la liste d’ancienneté si le processus n’est pas clair et transparent. La direction des études s’est engagée à se doter d’orientations à ce sujet. Ce sera donc un dossier à suivre.
L’insertion professionnelle
Une fois la personne embauchée, d’autres enjeux apparaissent. Il est étonnant que, dans un domaine comme le nôtre, aucun temps de transition ne soit prévu en cas de remplacement. Ne serait-il pas pertinent, lorsque les circonstances le permettent, d’assurer une journée payée de transition afin que la personne remplacée puisse rencontrer la personne qui la remplace afin d’assurer un minimum de transfert des dossiers? Ensuite, on retrouve l’enjeu de l’intégration professionnelle. Comment les départements et les pairs peuvent-ils accueillir le ou la nouvelle collègue? Une réflexion intéressante quand on sait que l’on travaille depuis un certain temps sur la question de l’insertion professionnelle au cégep. Quel est le rôle des pairs? Des départements?
Et le reste
Nous avons également discuté des enjeux liés à la tâche. Par exemple, comment faire en sorte que les précaires ne soient pas submergés de nouvelles préparations, alors qu’ils ont peu ou pas d’expérience en enseignement? Peut-il y avoir des règles départementales pour limiter le nombre de nouvelles préparations que les précaires peuvent avoir dans un trimestre? En effet, la convention collective ne fait aucune distinction entre les nouveaux cours et les cours habituels dans le calcul des heures de préparation.
En fin de contrat, les règles à propos de l’assurance-emploi ne sont pas toujours très claires pour les précaires. Le comité a constaté une certaine confusion ou incompréhension à propos de ces règles et pense qu’il serait bon que les précaires puissent avoir une information simple et accessible à ce sujet.
Finalement, le comité a soulevé quelques points qui mériteraient d’être discutés dans un contexte de pré-négociation, notamment le rangement 231 qui a des retombées peu significatives pour les personnes qui sont aux échelons inférieurs, et la possibilité d’élargir la progression accélérée en début de carrière. Aussi, nous avons discuté de l’idée de simplifier (voire abolir) le processus d’offre générale de service pour les précaires.
Vous avez des récriminations, des préoccupations, des idées?
Les discussions vont se poursuivre en comité et nous vous tiendrons au courant des enjeux liés à la précarité. Nous avons constaté aussi l’importance d’informer et de sensibiliser les profs, particulièrement les précaires, à ces différents sujets, et cet article est un premier pas dans cette direction. Si vous avez envie de vous joindre à nous pour discuter des pistes de solution (que vous soyez précaire ou non), la prochaine réunion est le vendredi 14 décembre à 14 h au B-210.
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Note
- Rappelons que lors de la négociation de 2015, les cégeps ont obtenu la réévaluation de leur rangement dans le cadre de la relativité salariale. On a alors procédé à l’évaluation du travail d’un enseignant de cégep selon des critères comme l’effort, la qualification, les responsabilités et les conditions de travail. Cette évaluation permet de situer un type d’emploi parmi 28 « rangements ». Plus un emploi est classé dans un rangement élevé, plus son salaire est important. Alors que les enseignantes et les enseignants du primaire et du secondaire sont au rangement 22, ceux du collégial sont maintenant classés au rangement 23, ce qui marque leur appartenance à l’enseignement supérieur. Les sommes liées à la relativité salariale seront versées en 2019 (à partir du 2 avril), soit la dernière année des conventions collectives (voir Convention collective 2015-2020, page 275).