Alors voilà. Le peuple a parlé. La vie reprend son cours. Nous avons un nouveau gouvernement résolument décidé à changer le portrait social et politique du Québec. Un gouvernement majoritaire soutenu par une population, qui, une fois de plus, s’est faite discrète. Une personne sur trois n’a pas voté. Le malaise est profond au Québec. La démocratie fragilisée. Nous aurons à réfléchir collectivement aux avenues à emprunter pour sortir de cette léthargie démocratique.
Syndicalement, nous aurons aussi à faire preuve de vigilance. François Legault n’a jamais caché son désir de « moderniser » les syndicats — sans jamais véritablement définir ce qu’il entendait par modernisation. Veut-il revoir les accréditations syndicales ou le régime de négociation ? Souhaitera-t-il revoir la Formule Rand, cette mesure législative permettant à un syndicat qui représente les salariés d’une unité de négociation d’exiger que l’employeur prélève à la source les cotisations syndicales payables de manière obligatoire par l’ensemble des salariés ? Le vent de conservatisme et d’individualisme qui souffle sur les États-Unis, où l’on a attaqué de front les organisations syndicales, pourrait fort bien atteindre ce gouvernement. Nous aurons donc à surveiller très attentivement les faits et gestes du gouvernement du Québec au cours des prochains mois. Et comme nous entrons dans un nouveau cycle de négociations, nous devrons être unis et mobilisés. Prêtes et prêts.
Préparer le terrain de la négo 2019-2020
Les 27 et 28 septembre derniers, le SEECR était à Québec afin de participer au Conseil général (CG) de la Fédération des enseignantes et enseignants de Cégep (FEC-CSQ), notre fédération syndicale. L’ensemble des syndicats — nous sommes 14 syndicats, représentants 2500 profs de cégep — étaient présents, et le principal sujet de cette rencontre était justement la négociation de notre prochaine convention collective. Rappelons que notre convention collective, notre contrat de travail, prend fin en mars 2020 et que les travaux préparatoires s’amorcent généralement une année avant la fin de celle-ci.
Au cours des prochains mois, nous devrions avoir plusieurs rendez-vous, ici en assemblée générale et à la fédération, afin de bien préparer cette négociation. Nous aurons dans un premier temps à élire notre comité national de négociation, l’équipe qui nous représentera à la table de négociation face aux représentantes et représentants du Gouvernement et des Directions de Cégep. Nous aurons également à déterminer nos priorités de négociations, nos demandes en matière de tâche d’enseignement, de sécurité d’emploi, de salaire, etc. La question de l’enseignement à distance sera elle aussi au cœur des réflexions que nous aurons à mener ensemble. Dans plusieurs cégeps en région, l’enseignement à distance est maintenant bien installé, mais les conditions dans lesquelles se donnent les formations sont encore à définir, autant syndicalement que pédagogiquement.
L’autre grand débat que nous aurons à mener lors de cette période de préparation de la négociation portera sur les alliances potentielles que nous souhaitons faire avec nos collègues de l’autre fédération syndicale représentant des profs de cégep, la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), qui représente la très grande majorité des syndicats enseignants du réseau collégial. Comme les cultures organisationnelles de nos deux fédérations syndicales respectives sont différentes, les échanges sont parfois complexes, voire carrément fratricides. Espérons que les prochains mois permettront de mettre le bien commun des profs de cégep aux centres des échanges et que nous réussirons à trouver un terrain d’entente où chacun des groupes y trouvera son compte. Des pourparlers sont en cours entre nos deux fédérations, mais les premiers résultats sont loin d’être concluants. Au SEECR, nous souhaitons toujours tenter de conclure cette alliance de l’ensemble des syndicats du collégial, mais nous ne le ferons pas à n’importe quel prix. Nous vous donnerons davantage d’information à ce sujet lors de l’assemblée générale qui se tiendra le 16 octobre prochain.