Pendant ce temps, au Réseau des Femmes...

Noak Bouchard, responsable des communications et de la mobilisation

Quelle chance de pouvoir participer encore une fois, en 2022, à des rencontres virtuelles ! Je me sens comme à la maison dans mon Zoom maintenant, tellement que pour ce réseau des Femmes, je me suis mise à mon aise, tisane à la main pour écouter des femmes me parler de santé globale et de féminisme, des risques invisibles dans le travail des femmes et de la gestation pour autrui (dans l’ancien temps, on disait mère porteuse…). Vous l’aurez deviné, le thème de ce Réseau est : femmes et santé. J’ai envie de vous partager ce que j’en ai retenu.

 

Première conférence, par Lydya Assayag : Changeons de lunettes : pour une santé globale et féministe

Pour ma part, étant issue du milieu de l’intervention, l’approche globale de la personne, on connait ça! Avoir un problème physique a un impact sur l’état émotif, sur les habitudes de vie, les relations sociales, bref, tout est dans tout. Vous et moi comprenons cela facilement. Mais le propos de la conférencière est que la médecine elle, ne voit pas cela de la même façon. Elle dénonce le fait que la médecine traite le corps de manière ciblée (en opposition à une vision holistique) et que la standardisation de la médecine ne permet pas d’offrir des soins personnalisés. Ça donne le ton de la journée! Plusieurs autres dénonciations seront faites tout au long de la journée, indignez-vous qu’y disait!

 

En voilà une autre indignation : l’absence des femmes en recherche médicale. Pas comme chercheuses, mais bien comme patientes. Toujours selon Assayag, les médicaments qui sont administrés aux femmes sont généralement testés sur des hommes en raison de leur plus faible fluctuation d’hormones, ce qui permet d’obtenir des résultats moins changeants. La science souhaite généralement pouvoir dégager des conclusions sur des bases fiables et constantes, ce qui est plus long et plus complexe à faire avec des femmes. Il semblerait aussi que lorsque des femmes mentionnent des effets secondaires non-répertoriés, ceux-ci ne sont pas pris en compte ou sont invalidés. N’y aurait-il pas ici un lien?

 

Deuxième conférence, par Karen Messing : L’invisible qui fait mal : risques dans le travail des femmes

Saviez-vous que les femmes ne sont pas de petits hommes, nous demande Messing en introduction à sa présentation? Ça l’air bête comme question, me direz-vous, mais imaginez-vous donc que la recension du matériel de protection personnel sur les milieux de travail démontre que celui-ci ne tient pas compte des proportions différentes pour les corps masculins et féminins. Je vous laisse deviner sur qui on se base… Il en va de même pour la conception des espaces de travail, des outils de travail, etc. Poing en l’air, les gens!

 

Aussi, on parle souvent de la place des femmes dans les métiers du soin. Quand on y réfléchit, les risques des métiers traditionnellement occupés par des hommes sont plus évidents que pour ceux des femmes (fatigue émotive, par exemple) et les moyens pour y remédier le sont beaucoup moins. Pour agir sur notre indignation, on nous invite à identifier et à nommer nos spécificités et à maintenir les demandes. Bon, je l’avoue, j’aurais aimé une mobilisation plus significative pour la fin de la conférence. Avez-vous des idées? Il n’en tient qu’à nous de mener le combat!

 

Troisième conférence, par Isabel Côté : Un encadrement féministe de la gestation pour autrui (GPA) est-il possible?

En date d’aujourd’hui, la GPA n’est ni légale, ni interdite. Le projet de loi 21 déposé à l’automne dernier vise, entre autres, à protéger les droits des parents et des femmes porteuses. 

 

Plusieurs enjeux éthiques sont nommés. Comment faire pour préserver l’autonomie décisionnelle des femmes et limiter les possibilités d’exploitation/marchandisation/instrumentalisation de leur corps?

 

Isabel Côté a documenté le sujet en rencontrant plusieurs femmes, couples et enfants impliqués dans le processus de gestation pour autrui. D’abord, les femmes qui acceptent de porter un enfant dans ce contexte mentionnent généralement une sensibilité envers les difficultés du couple à avoir des enfants; elles aiment aussi être enceinte et certaines mentionnent également un avantage financier non négligeable.

 

Le débat se trouve dans l’opposition entre le fait de poser un geste altruiste et la rémunération de celui-ci. Notons que plusieurs acteurs impliqués dans le processus seront rémunérés : avocat, médecins, etc. Pourquoi ne pas permettre à la femme de recevoir sa juste part? 

 

Le fait que la pratique ne soit pas encadrée légalement rend difficile l’application du contrat en cas de litige.  Pensons notamment au partage du congé parental, le droit à l’avortement, etc. L’aspect social, culturel et international doit aussi être pris en compte. 

 

Bref, la discussion est loin d’être terminée, restons à l'affût !

 

Quatrième conférence : présentation du plan de travail Solidaires dans le changement

Le plan de travail nous a été présenté et voici les grands thèmes sur lesquels la CSQ veut se mettre en action :

  1. Atteindre une véritable égalité pour les femmes;

  2. Placer le secteur public au centre de la relance socioéconomique;

  3. Obtenir que les lois du travail et les lois de protection sociale soient adaptées aux nouvelles réalités du marché du travail;

  4. Mieux rejoindre nos membres, les soutenir dans leur militantisme et faire autrement.

 

Plusieurs stratégies et actions ont été nommées. On parle de communication avec les membres et les médias, d’éducation syndicale de vigilance en lien avec la loi sur l’équité salariale et sur la réalité de la rareté de main d’œuvre. Une attention particulière sera portée sur les enjeux psychosociaux de manière générale, mais aussi en lien avec le contexte pandémique.

 

Mobilisez-vous qu’y disait! Avec ces différents axes d’action, il y en a pour tout le monde!

 

Voici donc comment s’achève le Réseau des femmes de janvier dernier.  Le prochain aura lieu en avril prochain. Peut-être aurons-nous la chance de nous retrouver en présence? Qui sait ce que l’avenir (féministe) nous réserve!

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Notes
1. Loi portant sur la réforme du droit de la famille en matière de filiation et modifiant le Code civil en matière de droits de la personnalité et d’état civil.