Nous le soulignions dans le dernier numéro de La Riposte (Volume 42, numéro 2), le français au Québec vit présentement un véritable déclin. L’anglicisation galopante qui gagne différentes sphères de la société québécoise inquiète et interpelle. Ce qui est le plus alarmant, c’est que plusieurs études mettent en lumière comment l’enseignement supérieur, les cégeps en premier lieu, contribuent à cette anglicisation de la société québécoise.
Selon le chercheur Frédéric Lacroix, dans son livre Pourquoi la loi 101 est un échec1, à Montréal seulement, les plus récentes données du ministère de l’Enseignement supérieur indiquent que près de 50% des personnes inscrites aux études collégiales préuniversitaires se retrouvent dans les cégeps anglophones. Conséquence : certains collèges francophones peinent à recruter, ce qui fragilise leur offre de programmes d’études. Au cours des dernières années, plusieurs cégeps ont d’ailleurs déjà dû suspendre ou fermer des programmes faute d’atteindre un nombre suffisant d’inscriptions. Le réseau collégial francophone est donc mis à mal pendant que les collèges anglophones font le plein d’étudiantes et d’étudiants.
Comment, par ailleurs, ne pas s’inquiéter lorsqu’on constate que la fréquentation d’un cégep anglophone mène ces milliers de jeunes à poursuivre leur parcours scolaire dans des universités anglophones? Comment ne pas se désoler à l’idée qu’un jour, ces jeunes adultes considéreront normal de travailler en anglais au Québec? Qu’ils consommeront la culture anglaise, qu’ils penseront le monde en anglais? Poursuivre sur une telle voie, c’est non seulement fragiliser le réseau collégial francophone, mais c’est aussi, plus dramatiquement, contribuer au recul du français dans toutes les sphères d’activités de la société québécoise!
Un mouvement en marche
Des voix s’élèvent présentement un peu partout au Québec pour demander qu’un coup de barre soit donné afin de freiner cette anglicisation du réseau collégial. Des enseignantes et des enseignants du réseau collégial d’un peu partout au Québec ont lancé un mouvement qui ne cesse de croître. Plusieurs syndicats enseignants ont d’ailleurs adopté en assemblée générale une résolution demandant au gouvernement d’appliquer les dispositions de la Loi 101 au cégep. Les enseignantes et les enseignants des cégeps de La Pocatière, de Lanaudière, de Sainte-Foy, de Bois-de-Boulogne et d’autres encore ont déjà pris position en faveur de cette résolution.
Le SEECR a toujours milité activement pour la défense du réseau collégial. Nous avons travaillé sans relâche afin d’assurer le financement d’un enseignement de qualité et accessible sur l’ensemble du territoire. Le moment est peut-être venu d’unir nos voix à celles et ceux qui souhaitent voir l’enseignement collégial en français retrouver ses lettres de noblesse. Le 22 février prochain, lors de notre prochaine Assemblée générale, nous aurons l’occasion de joindre ce mouvement voué à la défense du réseau collégial francophone et, surtout, à la valorisation de la langue française.