Nous sommes dans la formation à distance (la FAD) jusqu’au cou depuis avril, avec le lot de défis que nous connaissons, mais il y a plusieurs années que ladite FAD nous tourne autour et tente de nous séduire. Vue d’ensemble des tendances qui font leur petit bout de chemin dans notre réseau de l’enseignement supérieur, s’incrustant et gigotant tels des tentacules avec pas de tête.
Dans le coin rouge, Cégep à distance est une initiative ayant pris vie au Cégep de Rosemont il y a plus de 10 ans ― on en parlait déjà alors que j’y étudiais. On y engage des spécialistes de contenu ― enseignantes ou enseignants de cégep ou autres ― pour participer à la confection de matériel de formation en ligne. J’écris participer, car le travail se ferait conjointement avec des spécialistes de contenu web. Monter un cours prendrait un à deux ans, et ceux-ci se donneraient de manière asynchrone. Une tutrice ou un tuteur serait responsable de la correction des travaux et, on l’espère, de l’accompagnement des élèves. Sur papier, l’encadrement et la rémunération de ces tutrices et de ces tuteurs semblent médiocres à côté de nos conditions.
Dans le coin bleu, Cégep virtuel rassemble dix cégeps, dont le Cégep de Rimouski, qui s’entendent pour se partager l’offre de cours à distances auprès de leurs étudiantes et étudiants. Ces cours sont donnés par des enseignantes et des enseignants de ces cégeps et, pour la plupart, de manière synchrone. Ainsi, selon les ententes locales établies entre les syndicats et les directions de collèges, ces charges peuvent ou non être incluses dans la tâche régulière et encadrées par nos conventions collectives. Mais attention! Celles-ci ne sont octroyées à un cégep donné que pour une période de trois années consécutives, après quoi le cours peut être récupéré par un autre établissement. Ainsi, les ressources liées à l’ouverture de ces groupes ne seront malheureusement qu’éphémères, et il pourrait être malheureux de les considérer pour l’ouverture de postes. Il faut aussi noter que notre convention n’encadre pas très bien l’octroi de tâche pour ces cours, et que tout le monde ne se bouscule pas nécessairement pour les donner.
L’autre côté de la corde et attendant qu’on lui donne la tape, ECampus est une initiative gouvernementale en développement depuis son annonce en mars 2017. On peut lire dans le rapport du chantier que la vision du projet serait de « Favoriser l’accès à l’enseignement supérieur québécois et le développement des compétences tout au long de la vie ». Le ECampus offrirait entre autres une plateforme web aux étudiantes et étudiants, mais aussi aux institutions d’enseignement supérieur et à leur personnel enseignant. Parmi les objectifs de ce projet, on trouve « regrouper l’offre de FAD pour en accroître l’attractivité » et de « favoriser les partenariats et le développement concerté de l’offre au bénéfice de tous ». Il y a donc un désir de mettre de l’ordre dans le Far West qu’est l’état de l’offre de FAD au Québec, mais aussi une intention de développer et de promouvoir ce type de formation.
Rassurez-vous, votre syndicat et votre fédération gardent un œil vigilant sur le développement de ces bibittes. Pour l’instant, comme profs, nous pouvons nous concentrer sur l’essentiel : donner nos cours et soutenir nos étudiantes et nos étudiants jusqu’à la fin de la session. Sachez cependant que, dans le but de préparer l’après-COVID, nous aurons besoin de vous pour dresser un bilan de ce que la formation à distance en mode catastrophe aura donné comme résultat.
Antoine, le gars des affaires pédagogiques