Quel message lancera le 15 mars 2019?

Patricia Posadas, citoyenne de la terre et enseignante en Français

Aujourd’hui, 26 février 2019, une nouvelle tempête s’abat sur Rimouski et le froid est de nouveau là, vif, perçant. Encore cette année, nos cours débordent de neige et nous pensons sérieusement à son exportation vers l’été caniculaire, pourquoi pas, ou vers l’Australie qui en aurait bien besoin. Oui, c’est sûr, clair, patent, les changements climatiques sont chose du présent. Mais cette mauvaise nouvelle ne génère pas que du désespoir.

En effet, l’air de rien, il existe de nombreuses raisons d’espérer de nouveau. Je me permets ici d’en faire une petite liste non exhaustive.

Monsanto ne passe plus

Le cynisme des industries, telles Monsanto, ne passe plus. Les articles de journaux, les déclarations et les pétitions qui dénoncent soit les abus de cette industrie et ses malversations, soit la complaisance des gouvernements se multiplient depuis quelques semaines. Le congédiement de l’agronome Louis Robert, du MAPAQ, a lancé un signal fort : les gouvernements, malgré leurs lois, ne protègent pas les lanceurs d’alerte. Les gouvernements se font les gendarmes de l’industrie. Mais la population ne se laisse plus faire. Il faut dire que les dernières études font état d’une situation presque cataclysmique (98 % des cours d’eau testés contiennent du glyphosate, produit contenu dans le RoundUp. Ce pourcentage est de 100 % pour les nicotinoïdes…). Celles et ceux qui travaillent la terre meurent de ce travail qui devrait être nourricier, mais se révèle mortifère1. Le métier d’agriculteur est le métier le plus dangereux à exercer au Québec. Oui, il y a la machinerie, mais aussi le stress lié à l’endettement et ce que l’on respire. Il faut dire que, si pour nourrir, et donc aider la vie à se perpétuer, il faut utiliser des biocides, nous sommes dans une impasse intellectuelle, morale et biologique.

Les élus municipaux sur la ligne de front pour protéger l’eau, la terre et notre santé.

L’industrie pétrolière, au Québec, qui vit surtout des subsides publics2, quoi qu’elle en dise, se voit barrer la route à l’est du Québec par des élues et des élus municipaux, de plus en plus déterminés à protéger l’eau potable, les terres, les personnes de cette industrie qui, on le sait avec une certitude sans équivoque, est la cause principale de la détérioration de notre planète - de manière directe, par la pollution générée, et de manière indirecte, par la transformation de nos milieux de vie (autoroute, stationnement, aviation, étalement urbain et j’en passe) -, et ce, en toute connaissance de cause3. Sainte-Luce, Price et la MRC de la Métis viennent d’interdire toute exploration ou exploitation des hydrocarbures sur leur territoire. Rimouski, quant à elle, s’oppose à la fracturation sur son territoire. Le message est clair. Par ailleurs, le député provincial Harold Lebel a invité les élues et les élus municipaux et le député fédéral à créer un caucus-climat pour la région.

D’ailleurs, le 8 mars à Sainte-Luce aura lieu la présentation Fracturation hydraulique : Mécanique et impacts, organisée par la Municipalité de Sainte-Luce, à 19 h, à la salle Louis-Philippe-Anctil.Pour manifester notre reconnaissance à ces courageux et audacieux élus et élues, mais aussi pour saluer le maire de Ristigouche-Sud-Est qui y sera, il faut s’y rendre. Le combat épique de cette petite municipalité contre Gastem, suivi du jugement de la juge Tremblay, laquelle juge reconnaît le devoir des élues et des élus municipaux à veiller sur la qualité de l’eau potable, a marqué l’esprit de toute personne qui s’intéresse à la justice autant climatique que sociale.

Une population qui n’attend plus ses gouvernements pour se mettre en mouvement

Dans le même moment et avec la même force, des citoyennes et des citoyens aussi se réveillent et veulent agir, refusent de rester sans rien faire devant la catastrophe annoncée. Ainsi, à la suite de démarche citoyenne, 284 municipalités du Québec ont reconnu l’urgence climatique4 : Rimouski en fait partie! Mais cela ne s’arrête pas là. Les actes symboliques ne suffisent plus. La population a soif d’actions concrètes pour mettre en route une transition salvatrice qui nous permettra, collectivement, de faire face à ce qui nous attend. Ainsi, le 16 février 2019, au Baromètre de l’UQAR, 86 personnes se sont présentées à une grande assemblée citoyenne5 pour réfléchir à la manière dont on pourrait agir pour procéder à une transition. Car il faudra qu’il y ait transition. Il est impossible de croire que nous puissions poursuivre notre mode de vie actuel. Impossible. Les participantes et les participants ont affirmé leur volonté d’agir, de se transformer eux-mêmes et de transformer leur mode de vie afin de tendre vers une carboneutralité ou, tout du moins, vers une réduction de notre empreinte écologique. D’ailleurs, ils ont consacré quatre heures à cette réflexion, par le premier samedi de beau temps depuis une éternité. C’est, me semble-t-il, la preuve absolue de leur détermination. Cette rencontre aura des suites.

Le 15 mars, sur toute la planète, les jeunes se mettent en mouvement pour le climat

Vous n’êtes pas assez matures pour dire les choses telles qu’elles sont. Même ce fardeau, vous le laissez à nous, vos enfants.

Greta Thunberg, discours prononcé à la COP24

La jeune Greta Thunberg est en train de marquer l’histoire. Du haut de ses 17 ans, elle lance à la face du monde un cri très simple : Paniquez. D’abord toute seule, petite Antigone haute comme trois pommes mais courageuse comme mille hommes, puis accompagnée de centaines, puis de milliers, bientôt des millions de jeunes gens. Souhaitons-le, car elle fait la grève vendredi après vendredi. Son slogan est simple et clair : à quoi me sert d’étudier, dit-elle, si les portes de l’avenir me sont fermées? Greta est autiste. Cette particularité l’empêche de se mentir à elle-même ou de faire l’autruche. Son analyse est lucide, sans complaisance ni exagération : c’est un constat. Alors, mesurant l’ampleur de la tragédie qui la menace et qui menace tous les jeunes de cette planète, elle a appelé à une grève mondiale de la jeunesse pour le climat le 15 mars 2019. Il faudra surveiller cette journée qui pourrait faire boule de neige (de circonstance en cette semaine de tempêtes!). À Rimouski, les étudiantes et les étudiants de l’AGECAR ont voté la grève et feront du piquetage autour de l’université dès 6 h 15. Les accompagnerons-nous? Personnellement, je connais ma réponse. Devinez?

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Notes

  1. Rédaction Affaires de gars, « Les 8 métiers les plus dangereux au Québec », Affaires de gars, 20 juillet 2015, [En ligne]. Adresse de l’URL : https://www.affairesdegars.com/page/article/4156059158/les-8-metiers-les-plus-dangereux-au-quebec.html, page consultée le 27 février 2019.
  2. Agence Science Presse, « 5300 milliards par an de “subventions” à l’industrie des carburants fossiles », La Presse, 25 mai 2015, [En ligne]. Adresse de l’URL : https://www.lapresse.ca/environnement/201505/25/01-4872368-5300-milliards-par-an-de-subventions-a-lindustrie-des-carburants-fossiles.php, page consultée le 27 février 2019.
  3. Agence Science Presse, « Réchauffement climatique : depuis quand les pétrolières savaient-elles? », La Presse, 22 novembre 2018, [En ligne]. Adresse de l’URL : https://www.lapresse.ca/environnement/climat/201811/22/01-5205237-rechauffement-climatique-depuis-quand-les-petrolieres-savaient-elles.php, page consultée le 27 février 2019.
  4. GroupMobilisation, « 224 municipalités représentant plus de 5,6 millions de Québécoises et de Québécois ont endossé la Déclaration d’urgence climatique », Cision, 29 janvier 2019, [En ligne]. Adresse de l’URL : https://www.newswire.ca/fr/news-releases/224-municipalites-representant-plus-de-5-6-millions-de-quebecoises-et-de-quebecois-ont-endosse-la-declaration-d-urgence-climatique-802659718.html, page consultée le 27 février 2019. (Le communiqué date un peu, on est rendu à 304 municipalités.)
  5. Rémy Bourdillon, « Les Rimouskois se bougent pour le climat », Unpointcinq, 20 février 2019, [En ligne]. Adresse de l’URL : https://unpointcinq.ca/vivre-ici/rimouski-carboneutre-citoyens/?fbclid=IwAR2ZsEtsOLScclIpIEC6qu1pfCWpncMEHtm4dMvyAw_bVDYLgWdvWLQhbuk&utm_campaign=fevrier2019&utm_medium=article&utm_source=facebook, page consultée le 27 février 2019.