L’urgence d’agir

Patricia Posadas, citoyenne rimouskoise

À Rimouski, le 5 et le 19 novembre derniers, poussés par l’urgence d’agir pour tenter de résoudre la crise climatique, des citoyennes et des citoyens se sont mobilisés en grand nombre pour demander au conseil municipal de la Ville de Rimouski de reconnaitre cette urgence et d’agir en conséquence.

Depuis le mois d’octobre circulait au Québec une Déclaration d’urgence climatique (DUC), écrite par des militantes et des militants de longue date. Ces derniers, devant l’étonnante paralysie de nos gouvernements, ont décidé de porter ce cri d’alarme aux différents partis en lice pendant la période électorale. Le ton parfois alarmiste de cette déclaration est directement relié au fait que, depuis le début des années 1970, nombreuses ont été les voix qui ont lancé un cri d’alarme sans que celui-ci soit entendu. Aujourd’hui, ce cri prophétique se répercute dans la DUC, qui est devenue entre les mains des citoyennes et des citoyens un outil important pour répondre à notre besoin d’action. 

À Rimouski, une mobilisation sans précédent

Partout, à travers le Québec, des hommes, des femmes, des jeunes et des vieux, des nantis et des démunis, se sont mobilisés derrière ce cri de ralliement : le climat a changé, nous devons changer aussi! De Montréal à Matane en passant par Rimouski, partout, des groupes spontanés se sont formés pour aller déposer cette déclaration auprès de leur Ville en demandant à cette dernière de l’adopter et, un peu partout, comme à Rimouski, les conseils municipaux ont reconnu l’urgence climatique, ont pris acte de ce dépôt, ont dit qu’il fallait prendre en compte cette réalité et sauver la vie sur Terre.

À Rimouski, le mouvement spontané a été particulièrement beau : dès que l’appel a été lancé, des dizaines de personnes se sont exprimées sur un document collaboratif afin de donner des idées dans le but de réduire notre dépendance aux hydrocarbures, car ce que propose la DUC, en fait, c’est de tendre vers la carboneutralité. Nous voulions demander à la Ville de reconnaitre l’urgence, mais nous voulions aussi proposer des actions et signifier à nos représentantes et à nos représentants que nous désirions les épauler dans cette tâche qui sera colossale. Oui, colossale. Mais ô combien exaltante! Il s’agit de redonner espoir en l’avenir.

Le 19 novembre, plus de 100 personnes se sont présentées pour entendre la réponse de notre Ville et ici, comme à Montréal et dans beaucoup d’autres villes et MRC, à notre plus grand soulagement, celle-ci a reconnu l’urgence climatique qui entraine l’urgence d’agir dans les considérants, mais a pondu une résolution qui semble bien timide et qui comporte bien peu de verbes d’action.

Soulignons cependant la qualité de la présence citoyenne, la qualité de l’écoute et celle des interventions, en général. Si nous sommes toutes et tous ressortis de là pas tout à fait rassurés, nous savions dès lors que la solidarité était en marche et qu’ensemble nous veillerions à ce que la Ville respecte sa déclaration. 

Et maintenant?

Il ne faut pas en rester là. Bientôt, nous appellerons les citoyennes et les citoyens à se réunir afin de décider ensemble des actions à poser pour que la résolution prise par la Ville ne reste pas un vœu pieux.

Il faudra entre autres s’assurer que la Ville traduise en actes cette résolution. D’ailleurs, l’une des premières mesures que devrait prendre notre municipalité serait une séance d’information publique, animée par des scientifiques qui étudient les changements climatiques et leurs effets en région, par des agricultrices et des agriculteurs qui vivent ces changements, par celles et ceux qui voient et subissent les changements côtiers, afin de dresser le portrait de notre région et les changements qui l’affectent et, ainsi, de mieux nous y adapter.

De plus, nous avons besoin d’information et de formation, car nous devrons apprendre à modifier certains comportements. Lesquels? Cela va du transport à l’alimentation, de la production à la consommation, des gestes du quotidien aux gestes exceptionnels (le temps des fêtes, par exemple). D’ailleurs, le 24 octobre dernier, lors d’une conférence sur le zéro déchet, la salle du conseil municipal était une fois encore pleine à craquer. 

Les Rimouskoises et les Rimouskois posent des gestes individuels, mais demandent des gestes collectifs

La qualité du mouvement citoyen à Rimouski en a inspiré plusieurs. Nous avons signifié de manière très claire, le 5 et le 19 novembre, mais aussi le 10 novembre en marchant dans les rues de Rimouski, que nous étions déjà en train de poser des gestes individuels : nous avons parlé déchets, recyclage, consommation responsable. Mais nous avons également affirmé la nécessité de l’action collective pour que les gestes individuels ne soient pas des gestes en vain. Le SEECR a d’ailleurs endossé la DUC lors de l’assemblée générale du 27 novembre, participant ainsi au mouvement de mobilisation et de revendication.

Restons alertes. Nous ne sommes qu’au début d’une lutte pour un bien commun particulièrement précieux, celui de nos enfants.