En réponse à l’appel de textes pour La Riposte, voici une petite réflexion sur ma vision de la laïcité.
Au-delà de l’exclusion du religieux de la sphère publique, la laïcité est surtout une invitation à un dialogue respectueux entre personnes ne partageant pas les mêmes croyances. Or, ce qui rend l’exercice si difficile et controversé, ce sont justement ces croyances dogmatiques enracinées profondément en chaque croyant convaincu. Est-il alors possible d’envisager un État où une laïcité véritable régnerait, où il n’y aurait plus de querelles entre les différentes confessions et, tout aussi important, où il n’y aurait plus cet imbroglio politique dont chaque parti se disputant le pouvoir tente de tirer profit?
Si nous voulons effectivement un État laïc, il faut identifier d’abord ce qui relève de la liberté de culte de ce qui n’en est pas vraiment pour, par la suite, tracer des limites claires et infranchissables.
Transmise de génération en génération, les croyances religieuses qui permettaient autrefois un vivre ensemble cohérent pour le groupe y adhérant sont aujourd’hui autant de sources de conflits dans un monde éclaté qui permet une grande mixité d’individus de toutes les cultures et croyances et où il n’y a plus de véritables frontières. Ainsi, on peut se demander s’il conviendrait de remettre en question cet automatisme consistant à permettre aux parents d’élever leurs enfants selon leurs convictions religieuses. Pour moi, il n’y a aucun doute, il ne peut y avoir de choix libre pour les enfants qui n’ont pas conscience des différentes croyances. Un véritable choix se fait lorsqu’on est capable de comprendre les principales implications du choix à faire (ce qui n’est certainement pas le cas des enfants) et lorsque les différentes options sont également présentées. En l’absence de ces conditions, il ne peut y avoir de véritable liberté religieuse. Si cette imposition était pertinente dans un contexte d’isolement culturel, ce n’est plus le cas lorsqu’il y a choc de cultures et de croyances. Il y a alors apparition de tensions qui mènent certains groupes au fanatisme et au terrorisme.
Une véritable laïcité sera atteinte lorsque la spiritualité aura remplacé l’obligation du culte religieux. La vie spirituelle n’a pas besoin de croyances toutes faites pour s’exercer. Elle se crée spontanément en chacun et ne cherche pas à s’imposer aux autres. Il y est toujours possible d’adopter des croyances spécifiques, mais pour beaucoup, dont moi, ce n’est plus une nécessité.
La voie empruntée par le Québec en matière d’éducation est en ce sens appropriée, mais elle doit être semblable pour tous les enfants, sans possibilité de dérogation pour des groupes religieux qui voudraient offrir leur propre enseignement scolaire.
En ce sens, il revient au gouvernement de légiférer s’il y a lieu et de voir au respect de ces lois. La campagne électorale actuelle devrait nous permettre d’exiger des partis politiques un engagement ferme à ce propos.