Le malheur de Cassandre, prêtresse d’une planète en péril

Patricia Posadas, enseignante en Français

Cassandre était une princesse troyenne qui avait reçu un don, prédire l’avenir, et une malédiction, n’être crue par personne. Elle avait prédit que le cheval laissé par les Grecs entrainerait la chute de Troie, mais les Troyens ne l’ont pas crue. On connait la suite.

En 1972, un groupement de chercheurs, surnommé Le club de Rome, faisait paraitre un rapport intitulé The limit of growth — Halte à la croissance?, mieux connu sous le nom du Rapport Meadows. Déjà, ces chercheurs avaient prédit que d’ici 2030, à force d’extraire de la terre ses richesses et de surexploiter les océans, l’humanité dépasserait les limites permises par la planète et connaitrait alors une crise majeure.

Bien sûr, l’industrie extractiviste et le pouvoir qui la soutient avaient rejeté l’analyse de ces hommes, dont on avait dénoncé le catastrophisme. Dès ce moment-là, des compagnies, comme Exxon Mobil1, ont tout fait pour que la vérité, qu’elles connaissaient aussi, nous soit cachée, parce que l’argent vaut mieux que la vie aux yeux des actionnaires.

Depuis ce temps, les rapports alarmants n’ont cessé d’affluer, des dizaines de milliers de scientifiques lancent des cris d’alarme, des hommes et des femmes se battent à travers le monde pour sauver les forêts, les fleuves et, dans certains pays, ils se font même assassiner pour cela2. Le gouvernement Harper, au Canada, considéraient les défenseurs de l’environnement comme des terroristes. Même la Banque mondiale, que l’on ne peut soupçonner d’accointance utopiste, lance un cri d’alarme à ce sujet3. Cet été, chacun a pu comprendre que le climat a réellement changé. Nicolas Hulot a démissionné avec fracas de son poste de ministre d’État, accablé par l’immobilisme qui prévaut en la matière.

Et puis, le 10 septembre 2018, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Gutterez4, a déclaré qu’il restait deux ans à l’humanité pour agir contre les changements climatiques et a appelé la société civile à réclamer des comptes aux dirigeantes et aux dirigeants de la planète.

J’écris ces lignes un 15 septembre à Rimouski. Il fait 26 degrés. Et tout autour de moi continue comme si de rien n’était...

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Notes

  1. Aude Massiot, « Pétrole et climat : un secteur menteur par essence », Libération, 28 août 2017, [En ligne]. Adresse URL : http://www.liberation.fr/planete/2017/08/28/petrole-et-climat-un-secteur-menteur-par-essence_1592495, page consultée le 20 septembre 2018.
  2. Stéphane Bordeleau, « 200 personnes tuées l’année dernière en défendant l’environnement », Radio-Canada, 13 juillet 2017, [En ligne]. Adresse URL : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1045032/200-personnes-tuees-2016-defense-environnement, page consultée le 20 septembre 2018.
  3. La Banque mondiale, « Un nouveau rapport annonce qu’avec le réchauffement climatique de la planète, des millions de personnes seront prises au piège de la pauvreté », 19 juin 2013, [En ligne]. Adresse URL : http://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2013/06/19/warmer-world-will-keep-millions-of-people-trapped-in-poverty-says-new-report, page consultée le 20 septembre 2018.
  4. Capucine Tissot, « Selon l’ONU, il reste deux ans pour agir contre le changement climatique », The Weather Channel, 11 septembre 2018, [En ligne]. Adresse URL : https://weather.com/fr-FR/france/environnement/news/2018-09-11-selon-onu-il-reste-deux-ans-pour-agir-contre-chaugement, page consultée le 20 septembre 2018.