Avez-vous cru remarquer, chez vos étudiantes et étudiants un niveau de préparation différent? Avez-vous cru noter que plusieurs possèdent un bagage conséquent de vocabulaire et de connaissances générales, tandis que d’autres trainent une besace presque vide dans laquelle ils tombent parfois pour y disparaitre?
État des lieux
Étant donné que les écoles privées se sont multipliées, les écoles publiques, afin de faire face à cette compétition, ont créé des programmes spéciaux (PEI, Sport-Études, Art-Études, etc.) dans le but de garder ou d’attirer les enfants. Cette compétition a monté d’un cran lorsque la revue L’Actualité a commencé à organiser le palmarès des écoles, mêlant public et privé, quartiers favorisés et défavorisés. Ce système a fini par engendrer une école à deux vitesses. Ainsi, des enfants de milieux défavorisés vont se retrouver entre eux sans jamais côtoyer celles et ceux qui auraient pu les aider à enrichir leurs connaissances. Finie l’école de l’émulation, il reste celle de la compétition. L’école publique n’arrive plus à jouer son rôle de médiateur social. Pire, elle exaspère les différences en développant des programmes spéciaux dont la terrible finalité, voulue ou pas, est de «séparer le bon grain de l’ivraie».
Depuis la réforme du milieu scolaire, mise en branle à la suite du Rapport Parent, l’école publique a été accablée de réformes et de coupures qui la laissent aujourd’hui dans un état exsangue. Il suffit de parler avec des profs des écoles publiques, puis ceux des écoles privées, pour découvrir le fossé immense qui se crée parfois entre ces deux systèmes. Entendre une prof du public évoquer la classe dans laquelle elle a été propulsée pour enseigner le français, elle qui a étudié les mathématiques, avec, devant elle, 19 enfants dont 15 ont des diagnostics et tous souffrent de carences affectives graves, suffit pour comprendre les difficultés que traverse le public. Je comprends le choix des parents qui, soucieux du développement de leurs enfants, envoient leurs enfants dans des programmes spéciaux ou des écoles privées, mais ils contribuent malheureusement au développement effarant de ce système qui divise au lieu d’unir, creusant, année après année, un écart entre les enfants venus de milieux différents. Ainsi, l’école publique régresse sur le plan social et échoue faute de moyens et de volonté politique réelle.
Comment changer l’école?
Ailleurs dans le monde, surtout dans les pays scandinaves que l’on ne cesse de citer en exemple, l’école privée est interdite, puisque l’école publique et gratuite est le joyau dont tout le monde prend soin. D’ailleurs, toutes les écoles publiques sont belles, désirables. L’idée même de «magasiner» son école n’existe pas. Les enfants y sont heureux. De plus, les enseignantes et les enseignants savent pouvoir compter sur leur direction et sur tout un service de professionnelles et de professionnels spécialisés qui interviennent dans la classe, assistant tout en douceur l’enfant en difficulté. Et cette éducation gratuite et réussie ne met pas du tout la société dans le trou financier.
Comment revenir au Québec, à une vision plus inclusive de l’école publique? Doit-on attendre qu’arrivent enfin au gouvernement des gens pour qui l’éducation sera au coeur de leur projet de société? Faut-il attendre que le Lab-école nous concocte le remède miracle?
Certains parents se sont dit qu’ils avaient eux aussi une part de responsabilité dans ce dossier et ont décidé de remettre en marche le moulin à idées. Ils ont créé le Mouvement l’école ensemble (#ecoleensemble). Le but de ce mouvement? Mettre fin à ce système scolaire, générateur de ségrégation sociale. Leur travail est nourri de lectures et de recherche. En m’y promenant, j’ai lu certains faits qui me révoltent profondément. Par exemple, le taux de décrochage scolaire au Québec est bien plus important qu’ailleurs. Pourquoi? Revenons au cas de la jeune prof de mathématiques au secondaire qui enseigne le français à un groupe-cours aussi homogène, comment voulez-vous que cette jeune femme réussisse à amener ses élèves à réussir quelque examen que ce soit lorsque ceux-ci sont si carencés et elle si démunie, sans aucun soutien professionnel en classe pour l’aider à gérer sa classe et à transmettre sa matière?
Pourquoi vous en parler aujourd’hui?
En novembre, Le Mouvement l’école ensemble a obtenu le soutien de plusieurs syndicats et même celui de notre centrale syndicale. Je propose que nous fassions de même dans le cadre d’une prochaine assemblée générale et que nous fassions circuler l’information. De plus, le Mouvement a besoin d’argent et fonctionne par sociofinancement. En vous rendant sur le site, vous pourrez signer la pétition et participer financièrement si cela vous est possible.
Pour aller plus loin dans votre réflexion:
Le site du Mouvement l’école ensemble. Sur la page d’accueil se trouve une pétition que je vous invite à signer (eh oui, une autre pétition… mais ces dernières sont tout de même importantes. Elles sont une manière de prendre le pouls de la population).
http://www.ledevoir.com/societe/education/501582/faisons-ecole-ensemble
Lettre d’appui de Guy Rocher en soutien au Mouvement l’École ensemble.
https://www.facebook.com/FaisonsEcoleEnsemble/
Page Facebook du Mouvement l’école ensemble, afin de suivre leur actualité. On y trouve articles ou communiqués de presse des plus intéressants, tels ceux-ci: https://www.facebook.com/notes/mouvement-l%C3%A9cole-ensemble/communiqu%C3%A9-les-signaux-d%C3%A9courageants-du-ministre-proulx/1284334655045877/
http://lautjournal.info/20171201/education-merite-et-inegalites-des-liens-questionner
Un excellent article de Pierre Avignon, conseiller politique et agent d’information à la FEC-CSQ, qui met en exergue l’iniquité perpétuée par un système scolaire qui faillit à sa tâche. Pierre Avignon fait écho au Rapport sur l’état et les besoins de l’éducation, Remettre le cap sur l’équité, publié en 2016 par le Conseil supérieur de l’éducation.
https://www.mfa.gouv.qc.ca/fr/publication/documents/preparation-ecole.pdf
Étude sur les difficultés des enfants venus de milieux défavorisés et sur les solutions possibles.