La prochaine Semaine rimouskoise de l’environnement, qui se déroulera du 17 au 23 février 2020, a pour thème cette question que nous nous posons toutes et tous : C’est quoi l’plan? Bien beau de dénoncer, de s’inquiéter et de protester, mais comment allons-nous faire pour traverser la triple crise que nous vivons?
Triple crise? vous demandez-vous.
Oui, il s’agit bien d’un problème qui se décline en trois aspects :
- celui du réchauffement climatique qui se traduit par des dérèglements qui empêchent toute prédictibilité;
- celui de l’épuisement des ressources (pensons aux minerais, aux terres rares, aux hydrocarbures qu’il nous faut extraire à l’aide de moyens de plus en plus violents, aux terres stérilisées en raison d’un usage agressif des machineries lourdes et de tous les — cides de l’industrie : herbicides, pesticides, fongicides… qui parfois aussi sont homicides)
- et enfin, le plus grave, celui de l’effondrement du vivant : la perte de la biodiversité est un indicateur des plus alarmant en ce qui concerne le déséquilibre que nos modes de production, de consommation et de vie ont entraîné.
Nous sommes individuellement, certes, une partie du problème, mais ce sont les pouvoirs successifs, court-circuités par de puissants lobbyistes et la propagande que la publicité distille tous les jours de notre vie à dose excessive (environ 350 par jour) qui nous ont menés collectivement vers cette impasse.
L’exemple des transports en commun
Au début du XXe siècle, les grandes villes se sont développées en créant un réseau de transport en commun. Ainsi le tramway électrique occupait-il une grande place à New York, à Québec, à Marseille ou Paris… Mais cela ne faisait pas l’affaire des industries de l’automobile (Ford venait d’inventer le travail à la chaîne et la surproduction), de l’asphalte et donc de l’industrie pétrolière. L’ingénieux Barneys, qui a inspiré des hommes tels que Goebbels (ministre de la propagande d’Adolph Hitler), a mis en place une stratégie qui fonctionne encore aujourd’hui : il a tout fait pour que les tramways ne soient plus efficaces et perdent la confiance des usagers, ainsi a-t-il pu détruire l’ennemi et le remplacer par les automobiles individuelles et les autobus au diesel, lesquels demandaient des kilomètres et des kilomètres d’asphalte et de l’essence.
Le système actuel continue à appliquer les recettes inventées au tout début de cette ère industrielle qui est responsable de la catastrophe actuelle.
La responsabilité des politiques
Il est grand temps que nous nous unissions toutes et tous, quelles que soient nos convictions, nos choix de mots ou de chapelle, et que nous demandions à celles et ceux que nous avons élus de travailler pour nous, pour le vivant, et non pour les oligarques de ce monde.
Souvent, on entend parler des environnementalistes comme des lobbyistes, mais il n’y a aucun environnementaliste, dans celles et ceux que je connais, qui ait les moyens de s’enregistrer au registre des lobbyistes, aucun qui soit rémunéré grassement comme le sont les lobbyistes des industries pétrolières par exemple. Les « environnementalistes » sont en fait des citoyennes et des citoyens inquiets, informés, désireux de faire leur part pour redresser la situation, et que l’on traite de plus en plus comme des criminels. Ainsi, tout dernièrement, la police britannique a classé les environnementalistes dans la catégorie des terroristes (ce qu’avait déjà fait Harper) pour la raison suivante : ils veulent changer le système.
La police britannique a fiché Extinction Rebellion, Greenpeace, PETA et de très nombreux organismes pour la paix comme une menace potentielle, au même titre que des mouvements d’extrême droite et des groupes terroristes avérés. Ce guide a justifié cette sélection par une phrase éloquente : lutter contre les organismes qui veulent changer le système établi.
Ce que cette déclaration de guerre aux environnementalistes implique, ce sont les points suivants :
- Il n’y a qu’un seul SYSTÈME (économique et politique).
- En ce SYSTÈME tu croiras.
- Et la personne qui s’oppose à ce SYSTÈME est suspecte, dangereuse (une mécréante?), donc on pourra exercer sur elle la « violence légitime de l’État », comme la nomme Max Weber.
Est-ce pour cela qu’autant de défenseurs de la nature sont tués au Brésil et ailleurs dans le monde sans que la communauté internationale dénonce cette terrible réalité?
Je l’ai déjà dit ici, mais cela mérite d’être répété : bien que les études scientifiques démontrent la nécessité de réduire de manière drastique les émissions de gaz à effet de serre, pourtant les gouvernements continuent de subventionner l’industrie des hydrocarbures, comme le rapporte La Presse.
Un système délirant
Comment peut-on laisser LÉGALEMENT des industries répandre sur le sol des produits qui mettent en péril la survie d’espèces indispensables à notre propre survie? De récentes études démontrent que la détérioration du vivant est pire que prévu. Pour Aurélien Barau, nous sommes responsables de « la première extermination globale délibérée ».
Par ailleurs, quand les gouvernements vont-ils mettre le holà aux compagnies en leur interdisant de labelliser le vivant? Je pense à toutes ces semences qui ont été brevetées et que l’on ne peut plus échanger entre nous. En France, cela pose un véritable problème légal et des jardiniers amateurs, comme vous et moi, se voient poursuivis pour avoir semé des semences de tomates sans se soumettre à la tutelle des grands semenciers.
Ainsi, en laissant les entreprises transformer le vivant en marque déposée, en valeur marchande, notre système économique et légal actuel prouve qu’il est en plein délire. En observant ce qui se passe, il est normal (malgré la folie que cela représente), de se demander, quand l’eau sera brevetée à son tour, quelle guerre cela va-t-il entraîner? Il est d’autant plus logique de se poser une telle question que l’eau, en raison de la pollution actuelle et des sécheresses répétitives, va devenir, si on ne fait rien, une denrée rare. Et comme elle est absolument indispensable à la vie, elle deviendra alors un objet de convoitise — et donc de violence.
Le plan
Alors, quel est votre plan, mesdames et messieurs les politiques, et quand allez-vous ouvrir le dialogue avec les citoyennes et les citoyens en cessant de les considérer comme de potentiels ennemis? D’ailleurs, le premier moment du plan à venir sera celui où citoyen (ne) s et politicien (ne) s seront ensemble. « C’est quoi l’plan, messieurs les élus? », telle est la question qui sera posée aux élus fédéral, provincial et municipal, le 22 février 2020, à 13 h, à la salle Georges-Beaulieu dans le cadre de la Semaine rimouskoise de l’environnement. Soyez-y, venez rencontrer les élu(e)s avec vos idées et vos propositions.
L’éducation relative à l’environnement (ERE) au Cégep de Rimouski
Une autre activité importante pour la communauté du Cégep de Rimouski dans le cadre de la Semaine rimouskoise de l’environnement est un atelier de discussion réunissant des étudiant(e)s, des professeur(e)s, des conseillères pédagogiques et des gens de la formation continue, lors duquel nous réfléchirons aux questions suivantes :
- faire le point sur l’ERE au Cégep de Rimouski
- évaluer le type de savoirs transmis par l’ERE (savoir, savoir-être, savoir-faire)
- identifier les pistes de solutions pour augmenter la pratique de l’ERE au Cégep
- si possible, initier la réflexion autour d’un projet novateur, axé sur les collaborations internes et externes, qui pourrait être développé au cégep pour stimuler la pratique de l’ERE.
À la 5e Saison (A-234) du Cégep de Rimouski, le mardi 18 février de 15 h à 17 h.
Nous vous invitons à consulter l’événement Facebook, ainsi que la programmation complète de cette semaine pendant laquelle nous vous proposons de prendre le temps de repenser le vivre ensemble, de parler des bonnes et des moins bonnes solutions, de développer toutes sortes de compétences favorisant l’autonomie et de modifier notre rapport à la consommation. Bienvenue à toutes et à tous, petits et grands, sceptiques et convaincus!