Je voulais simplement prendre quelques minutes pour vous relater mon expérience au poste de responsable de l’application de la convention collective 1, poste que j’ai occupé au cours des trois dernières années. Premièrement, je constate que nous avons lamentablement échoué dans le projet de trouver un nom décent aux deux postes de responsables de l’application de la convention collective. On a pensé à plein de noms originaux, comme Deux oeufs et Bacon, Laurel et Hardy, Beurre de pinottes et Confiture, Abbott et Costello, Marco et Polo, Pierre et Isa ou encore Gino et Camaro. On s’est finalement rabattu sur 1 et 2, notamment pour ne pas se mettre à dos l’armée de Gino qui a lentement pris forme dans les rangs du personnel enseignant du Cégep de Rimouski.
Moi, j’occupais le poste numéro 1. Celui qui implique de croiser le fer avec les membres de la Direction pratiquement chaque semaine. Du bien bon monde à vrai dire. Mais du monde à qui il faut porter les revendications des membres et du monde à qui on doit fréquemment dire : Non, Wo minute ou Je dois consulter les membres avant de répondre. Effectivement, être responsable de l’application de la convention 1 impose des séances de négociations parfois tendues, mais qui se déroulent le plus souvent dans une atmosphère agréable et de bonne entente. Sûrement parce que plusieurs des membres de la Direction sont issus de nos rangs. Je souligne par ailleurs cette belle collaboration qui facilite grandement le travail. Malgré ce qu’on peut en penser, tout le monde a à cœur le bon fonctionnement du cégep et cherche à trouver des solutions efficaces aux problèmes qu’apporte le quotidien. C’est juste que parfois, il nous faut apporter une lecture terrain afin de permettre à la Direction de prendre une décision éclairée.
Être responsable de l’application de la convention collective, c’est aussi apprendre au quotidien. Apprendre à naviguer dans les méandres de la convention, apprendre sur le fonctionnement interne, apprendre sur le financement des programmes. Tout le temps apprendre! Pas toujours facile, à vrai dire (vous auriez dû me voir la face à ma sortie de mon premier comité sur les ressources), mais ce sont de précieux apprentissages. Je retourne donc à l’enseignement avec un savoir nettement plus développé à l’égard de mes droits et de ceux de mes collègues. Je serai donc à même d’apporter ces connaissances au sein de mon département et ainsi veiller au respect de nos conditions de travail. Apprendre aussi à s’indigner, à ne pas se laisser faire. Apprendre à « faire pression », à protéger nos droits, à protéger les moins privilégiés. Tout le temps apprendre!
Il y a aussi vous, les membres. C’est incontournable, il faut accueillir le ou la membre qui se questionne sur ses droits, celui ou celle qui se chicane des fois avec ses collègues, celui ou celle qui se fait accuser de toutes sortes d'affaires par ses élèves ou par son patron, etc. Ce membre-là (appelons-le Gontran), il t’appelle au plus fort de la crise, il te contacte même quand tu n’es pas disponible, il arrive à ton bureau quand tu avais prévu autre chose. C’est normal... Il remet son choix professionnel en doute, il a peut-être perdu un être cher, il ne va pas bien psychologiquement, il panique, il compte sur toi. Des fois, il pleure, il est désemparé, il arrive piteusement à ton poste. Mais, c’est ça, la vraie nature de ce travail. Écouter le membre, le comprendre, l’accompagner, le conseiller, l’informer, le défendre, lui trouver une solution acceptable. C’est parfois difficile mais c’est toujours stimulant. On a l’impression de faire une différence dans la vie de ces personnes. Parfois, il suffit d’écouter pour aider. Parfois, il faut en faire un peu plus que ne l’exige la fonction, mais on ne regarde jamais les heures investies. Je me dis tout le temps qu’à la place de Gontran, j'apprécierais qu’une personne-ressource se dévoue à ma cause. En fait, tout ça s’applique à l’ensemble du comité de coordination syndicale : veiller à la protection des intérêts des collègues et s’investir pour ce faire. Une expérience très enrichissante s’il en est une.
Par ailleurs, le CCS, ça devient comme une famille à la longue. On se voit beaucoup, on fréquente des gens qu’on n’aurait peut-être jamais côtoyés autrement, on apprend à se connaître et à s’apprécier. C’est facile, les gens sont tellement fins, tellement compétents. On devient tissé serré et surtout, on sent le soutien des membres. C’est important pour chacun d’entre nous. Savoir que vous êtes là pour nous appuyer et pour nous aider à prendre les meilleures décisions pour défendre nos intérêts. Merci groupe, sérieux. Un merci tout spécial à mes compagnons d’armes à la convention : Martin Pelletier et Benoît Collette, qui ont su m’accompagner avec brio dans mes fonctions. Être responsable de l’application de la convention collective, ce n’est pas toujours facile, mais c’est toujours plaisant quand on travaille avec des personnes de cette qualité. Merci aussi aux autres copains qui se sont succédé au CCS au cours des dernières années : Jérôme Bossé, Antoine Clermont, François Delisle, Josée Larouche, Éric Avon, Alain Dion, Catherine Paradis, Julie McDermott, Marie-Pier Marquis et Marie-Josée Boudreau. Ce fut un véritable plaisir de vous côtoyer et surtout d’apprendre à vos côtés. Une douce pensée à celle qui a longtemps soutenu les équipes exécutives et qui a servi de mémoire collective du SEECR, la gentille Louiselle Rioux. La bienvenue et un merci bien senti à sa successeure, Mme Jessie Beaulieu, qui a intégré ses fonctions tout naturellement (et très efficacement), comme si elle était là depuis le début. Merci également aux délégués syndicaux ainsi qu’aux membres des divers comités avec qui j’ai eu la chance de collaborer. Faire du travail syndical en plus de sa tâche enseignante, ce n’est pas évident. Je me dois de souligner cet investissement.
Bref, ce que j’essaie de dire, c’est que même si de prime abord, le poste de responsable de l’application de la convention collective 1 peut sembler un peu intimidant, c’est en fait une expérience très enrichissante qui vaut la peine d’être vécue. Donc, si jamais ça te tente de relever le défi, vas-y, tu en sortiras grandi(e)! Un peu pocké(e) à la fin, peut-être, mais grandi(e)! ;)